La nuit et la matinée ont été mouvementées à Montréal. Quatre bureaux de circonscription de ministres libéraux ont été vandalisés la nuit dernière, notamment à l'aide de cocktails Molotov, et tout le réseau du métro a été paralysé à l'heure de pointe dans ce qui a toutes les allures d'un acte de vandalisme bien coordonné.

C'est le bureau du ministre de la Justice Jean-Marc Fournier qui a été la première cible vers 3h.

Une bouteille contenant un liquide, qui ne s'est toutefois pas enflammé, a été lancée à travers la porte vitrée, qui a été fracassée, du 750 du boulevard Marcel-Laurin dans Saint-Laurent.

L'immeuble abrite de nombreux bureaux d'entreprises privées et des Centres jeunesse du Québec, qui sont tous fermés aujourd'hui, le temps que policiers et pompiers mènent leur enquête et ratissent la scène de crime.

Une telle scène a aussi paralysé un secteur de l'arrondissement Sud-Ouest, autour du bureau de la ministre responsable des Aînés, Marguerite-Blais, où des graffitis de couleur rouge ont été peints sur l'entrée de l'immeuble du 3269, rue Saint-Jacques.

Un produit chimique avait été déversé sur le sol du bureau par une fenêtre fracassée, et les pompiers ont dû s'assurer que cela ne représentait aucun danger avant de rouvrir les lieux.

«Nous avons reçu un appel par la centrale d'alarme. Quand les policiers sont entrés, par l'arrière, ils ont senti une odeur. Les pompiers ont été appelés et tout le bâtiment a été évacué», raconte Gabriel Retta, attaché responsable du bureau de circonscription de la ministre Blais.

Il faut dire qu'aux étages supérieurs du bâtiment se trouvent des logements résidentiels.

Un périmètre de sécurité a été érigé, causant la fermeture de tout le quadrilatère pendant un bon moment.

Scénario similaire, dans l'arrondissement Anjou, dans l'immeuble abritant les bureaux de la ministre du Travail Lise Thériault, rue Beaubien est.

Dans Côte-des-Neiges, le bâtiment sis à l'angle du chemin du même nom et de la rue Édouard-Montpetit, dans lequel se trouve le bureau de circonscription du député d'Outremont et ministre des Finances, Raymond Bachand, a aussi été visité par des vandales.

La façade a été peinte de graffitis rouges, mais les vitres n'ont pas été brisées.

Comme il s'agit de bureaux de ministres du gouvernement québécois, c'est la Sûreté du Québec qui fera enquête.

Il est impossible pour l'instant d'identifier les responsables de ces actes de vandalisme. Mais la couleur rouge utilisée pour certains graffitis dirige les soupçons vers le mouvement étudiant ou ceux qui l'appuient.

«Inadmissibles», «stupides» et «dangereux»

Rencontrée alors qu'elle se rendait sur les lieux pour constater les dommages, la ministre Marguerite Blais marchait sur des oeufs et refusait d'accuser les étudiants du coup.

«Ça fait trois fois qu'il y a des manifestations ici. Vendredi passé, il y en a qui sont montés sur le toit et qui ont hissé une banderole rouge. Je crois que ces gestes sont posés dans un cadre plus large que seulement les étudiants», croit-elle.

«Je dénonce les actes de violence de cette nature. Ce vandalisme, toute la société paie pour. La rue a été fermée, le métro a été bloqué. Ça empêche les gens d'aller au travail. (...) Ici, les gens ont été évacués. Ça perturbe leur vie et les insécurise», déplore-t-elle.

Si elle n'accuse pas les étudiants directement, elle dit que leurs représentants doivent dénoncer les actes de vandalisme.

«Gabriel Nadeau-Dubois dit qu'il ne peut pas dénoncer parce qu'il représente des membres qui pensent peut-être autrement. Les associations étudiantes doivent dénoncer pour être en mesure de négocier et avoir des discussions avec le gouvernement», poursuit-elle.

Elle croit que sa collègue ministre de l'Éducation s'est montrée suffisamment ouverte avec ses propositions concernant le régime de prêts et bourses et la gestion des universités, et que la balle est maintenant dans le camp des étudiants.

«Ça fait des années qu'ils sont gelés les frais», conclut-elle.

Sa collègue ministre du Travail, Lise Thériault, renchérit et juge «inadmissibles», «stupides» et «dangereux» les actes de vandalisme survenus la nuit dernière à son bureau. Cette «intimidation» ne sert en rien le débat, lance-t-elle.

Mme Thériault rappelle qu'on a dû forcer l'évacuation de tout l'immeuble où se trouve son bureau. La plupart des gens qui ont dû quitter leur logement étaient des personnes âgées. Elle demande à la population et aux «différentes associations concernées» de dénoncer le «saccage» des bureaux de députés.

Arrestations au Cégep du Vieux-Montréal

La police de Montréal a par ailleurs arrêté trois jeunes hommes de 19 ans lors d'une courte manifestation qui a réuni une centaine d'étudiants et professeurs au Cégep du Vieux-Montréal.



Ils auraient tenté de s'introduire par effraction dans l'établissement dont les portes sont closes depuis le début de la grève.



- Avec Paul Journet