On a tout de suite pensé à Dawson, à Concordia, et même à Polytechnique. Heureusement, la crainte qu'un tireur fou se soit introduit à l'UQAM, hier après-midi, s'est rapidement évaporée. Mais pas sans avoir créé une commotion monstre: un pavillon évacué, des parents aux abois, trois chocs nerveux, la circulation embouteillée dans le centre-ville. Et tous les médias sur les dents.

Le spectre des drames de Polytechnique, de Concordia et de Dawson s'est profilé hier après-midi à la suite de la découverte de projectiles de calibre 22, de pétards éclatés et de couteaux dans le pavillon de l'Éducation de l'Université du Québec à Montréal.

On ne connaît pas encore les raisons qui ont poussé un ou des individus à commettre ces gestes qui ont causé beaucoup d'émoi, mais, fort heureusement, l'affaire n'a pas eu de suite fâcheuse. Après vérification, personne n'a été blessé par balle et tout le monde a été évacué sain et sauf. Trois personnes ont cependant subi un choc nerveux.

L'édifice, aussi appelé «pavillon N», a été fermé pour la journée. Mais les choses suivaient leur cours normal dans les autres pavillons de l'institution du centre-ville.

Tout a commencé vers 13h40 dans un local du pavillon de l'Éducation sis à l'intersection du boulevard René-Lévesque et de la rue Saint-Denis. Pierre Luxon, employé du service de l'entretien, a découvert un sac bourgogne sur lequel était déposé ce qui ressemblait à des douilles.

Or, à peu près au même moment, des étudiants se trouvant dans le pavillon ont entendu des détonations. «Vers 13h45, j'ai entendu quatre ou cinq détonations. Je pensais que c'était des pétards, a déclaré Edwin Cedeno, étudiant en administration qui se trouvait au niveau métro du pavillon. Cinq minutes plus tard, j'ai vu des policiers descendre les escaliers à toute vitesse. Je n'ai pas fait le lien tout de suite. Puis, je me suis dit que ce que j'avais entendu était sûrement des coups de feu.»

En fait, sa première impression était la bonne. Car après avoir investi les lieux en grand nombre, les policiers ont retrouvé des pétards éclatés près d'une cage d'ascenseur.

Dans le local NM-340, on a par ailleurs découvert un sac à dos, des projectiles de calibre 22 (et non des douilles) ainsi que deux couteaux.

Des images obtenues par les caméras de surveillance laissent croire aux policiers qu'il y a un lien direct entre les pétards et le sac, a indiqué Alain Simoneau, commandant du poste de quartier numéro 21 du SPVM, hier soir sur les ondes de Radio-Canada.

Une fouille bredouille

Une fois les appels du 9-1-1 transférés, de nombreuses voitures de police ainsi que des ambulances se sont précipitées aux abords du pavillon. Une fouille minutieuse a été entreprise dans l'espoir de retrouver un suspect. Tous les étages de l'édifice, qui en compte une dizaine, ont été passés au peigne fin.

Pendant ce temps, les étudiants et le personnel avaient reçu la consigne de demeurer dans les locaux où ils se trouvaient. Des messages réguliers étaient transmis par intercom. Certains les ont accueillis avec calme. Mais pour d'autres, ce message d'une situation d'urgence a suscité des inquiétudes. Alors que la nouvelle a commencé à se répandre dans les médias électroniques, des parents, inquiets, ont commencé à joindre leurs enfants sur leurs téléphones cellulaires.

«C'était un peu confus comme message, ce qu'on nous a envoyé dans l'intercom. Personne ne courait. Il n'y avait pas de panique, mais en sortant, on a vu 25 policiers, des ambulances. On s'est dit, c'est comme à Dawson», a déclaré Jonathan Hille, étudiant.

«C'est plus ou moins inquiétant. On essaie de ne pas paniquer et on regarde sur l'internet ce qui se passe», a déclaré Vicky, secrétaire de direction au département des sciences religieuses. Cette dernière s'est enfermée dans un bureau du département avec une collègue et une étudiante. En regardant par la fenêtre, elles ont pu apercevoir des dizaines de policiers se précipitant à l'intérieur du pavillon.

Plusieurs artères importantes se trouvant dans le secteur (René-Lévesque, Sanguinet, Saint-Denis, etc.) ont été fermées à la circulation, ce qui a créé des embouteillages. Les accès souterrains menant du pavillon Judith-Jasmin à la station de métro Berri-UQAM ont été fermés. Les parents d'enfants d'une garderie sise dans le pavillon Hubert-Aquin sont venus chercher leurs bambins.

Outre les pétards, les couteaux et les balles de calibre 22, les policiers n'ont finalement rien trouvé d'autre. Par contre, des images enregistrées sur les caméras de surveillance font voir la présence d'un individu suspect, a indiqué l'agente Anie Lemieux, porte-parole du SPVM.

«Pour le moment, aucun suspect n'a été arrêté», a-t-elle ajouté. À 18h55, l'opération policière était terminée et les choses sont rentrées dans l'ordre.

«On ne comprend pas encore ce qui s'est passé. Est-ce une mauvaise plaisanterie? À ce stade-ci, je ne peux pas vous le dire. Mais l'important, c'est que le dénouement soit quand même positif et qu'il n'y a pas eu d'incident grave», a pour sa part déclaré Daniel Hébert, directeur des communications de l'Université du Québec à Montréal.

Avec la collaboration de Catherine Handfield, Caroline Touzin, Tristan Péloquin, Hugo Meunier, Émilie Côté et Katia Gagnon.