L'histoire s'est répétée hier matin à l'UQAM, cette fois avec la découverte d'un colis suspect dans les toilettes du même bâtiment où, la veille, un sac qui contenait des projectiles d'arme à feu a été trouvé et où des étudiants prétendaient avoir entendu des coups de feu.

Les deux incidents ont provoqué un déploiement policier d'envergure. Un immense périmètre de sécurité a été établi dans ce secteur animé du centre-ville.Hier encore, des centaines d'étudiants, d'enseignants et d'employés de soutien ont été forcés d'évacuer le pavillon des sciences de l'éducation.

Tout a commencé vers 9 h 30, lorsqu'une employée de l'entretien , Clara Ines Ceron-Escobar, a découvert une boîte scellée en nettoyant dans les toilettes exiguës du troisième étage. Selon elle, le paquet avait les dimensions d'une boîte à souliers.

«Elle n'était ni très grande ni très petite, a-t-elle raconté. Je n'y ai pas touché et je ne l'ai pas ouverte pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur. Quand je l'ai trouvée, j'ai immédiatement appelé la sécurité Mais je n'ai pas eu peur et je ne me suis pas affolée, j'ai simplement fait mon travail. «

Le robot antibombe du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), de même que le Groupe tactique d'intervention, ont été mis à contribution. Le colis suspect a finalement été neutralisé en début d'après-midi. La détonation a détruit un des lavabos.

Des bâtonnets, une minuterie et du filage auraient été trouvés avec le colis. La police n'a pas été en mesure de révéler le contenu de la boîte. «On va tenter de voir si les différents éléments, une fois rassemblés, auraient pu être opérationnels «, a résumé Alain Simoneau, commandant du poste de quartier 21.

Cette deuxième intervention en autant de jours s'est déroulée dans le calme. Les étudiants interrogés, dont plusieurs étaient en colère, avaient la certitude que cette nouvelle alerte était un canular.

Une blague de mauvais goût puisqu'elle survient en plein coeur de la période d'examens. « Je trouve ça un peu pathétique ! C'est la fin du triimestre et je perds du temps, présentement «, a indiqué Patrice Belley, inscrit en éducation.

Plusieurs hypothèses

Plusieurs étudiants ont avancé l'hypothèse que des revendeurs de drogue, omniprésents dans les environs de l'UQAM, aient fomenté les deux incidents en représailles contre les policiers qui entravent leur trafic. La police a démenti cette interprétation. Selon Alain Gingras, directeur du service de prévention de l'UQAM, l'hypothèse la plus probable est plutôt qu'un étudiant ait voulu échapper à un examen qui s'annonçait coriace. Il y a au moins une alerte au colis piégé en moyenne par trimestre à l'UQAM, toujours en période d'examens, relève-t-il.

La direction de l'université assure de plus que l'établissement n'a pas fait l'objet de menaces. Contrairement à jeudi, la direction n'a donc pas émis de directives par les hautparleurs de l'établissement.

Des agents de sécurité sont plutôt entrés dans les locaux pour ordonner l'évacuation.

«Hier (jeudi) on pouvait présumer qu'il y avait un tireur armé. On demandait alors aux gens de rester dans les locaux. Aujourd'hui (hier), comme on soupçonne une bombe, on a demandé aux gens d'évacuer «, a affirmé Daniel Hébert, porteparole de l'UQAM.

Les policiers tenteront maintenant de déterminer si l'objet trouvé constituait ou non une menace réelle. Des photos et des empreintes digitales ont aussi été prises dans les toilettes, dans l'espoir d'en apprendre plus sur l'origine de l'objet. Véritable explosif ou canular, la police ne peut tout simplement pas prendre ce type d'incident à la légère. La réaction policière des deux derniers jours a d'ailleurs été très rapide.

« C'est comme un orchestre symphonique ; si tout le monde joue bien de son instrument , ça va aller vite et bien «, a illustré hier le directeur du SPVM, Yvan Delorme, de passage sur les lieux après l'opération.

La sécurité sera renforcée sur le campus au moins jusqu'à la fin du trimestre. Trois agents de sécurité supplémentaires patrouilleront 24 heures sur 24 dans le pavillon N.

Suspect sur vidéo

Les policiers poursuivent leur enquête pour retrouver le propriétaire du sac en toile contenant des projectiles retrouvé jeudi dans le pavillon des Sciences de l'éducation. Le SPVM a dit hier détenir des images d'un éventuel suspect, croquées par des caméras de surveillance. L'individu, aperçu à plusieurs reprises, avait apparemment l'air nerveux. Les policiers n'ont pas été en mesure de fournir une description.

Selon le SPVM, il serait peu probable que l'individu recherché ait un lien avec le colis suspect retrouvé hier, puisque le bâtiment de UQAM avait été inspecté de fond en comble jeudi au cours de la première opération.