Incantations au Hezbollah, appels à la destruction de Tel-Aviv, insultes aux Juifs... Il n'y a pas que des messages de paix qui ont été lancés à la manifestation de samedi dernier pour dénoncer l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.

Hier, le Comité Québec-Israël et le Congrès juif canadien ont présenté aux journalistes une vidéo tournée lors de la manifestation qui montre des participants lançant des slogans haineux à l'endroit d'Israël. Les images montrent un petit groupe de manifestants assez bruyants qui scandent plusieurs slogans en arabe, dont la traduction a été fournie aux journalistes par le Comité. «Ô Nasrallah, ô bien-aimé, frappe, frappe Tel-Aviv», disent les manifestants en arabe. «La Palestine nous appartient et les Juifs sont des chiens», disent d'autres.

 

Le Comité Québec-Israël et le Congrès juif accusent les organisateurs de la manifestation ainsi que tous les participants - ils étaient 10 000, ont clamé les organisateurs - de s'être associés avec des «islamistes radicaux qui ont transformé les rues de Montréal comme si c'était celles de Gaza sous le [contrôle du] Hamas», selon Luciano G. Del Negro, directeur général du Comité Québec-Israël.

«Je veux bien croire qu'ils sont naïfs et qu'ils ne pouvaient imaginer de tels débordements, mais ils devaient très bien s'attendre à ça», a pour sa part dit Joseph Gabay, vice-président du Congrès juif canadien.

Les participants, selon MM. Del Negro et Gabay, ont répondu à une «invitation haineuse» en se rendant à la manifestation. «C'était tout sauf une manifestation pacifique», dit M. Del Negro. «C'était une manifestation pro-Hamas.» Ils regrettent, par exemple, de ne pas avoir entendu un plaidoyer pour que le Hamas n'utilise pas de boucliers humains ou cesse de constituer «ses réserves d'armes dans les hôpitaux et les mosquées».

Québec solidaire et la CSN sont particulièrement visés par les deux organisations juives.

En entrevue, la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a fermement répété qu'elle condamnait les propos haineux. «Je ne parle pas arabe, mais si c'est vraiment cela qui a été dit, Québec solidaire s'en dissocie radicalement. Je ne peux pas être plus claire que ça.» Elle indique cependant qu'il est «difficile» d'empêcher les débordements, particulièrement dans les manifestations fort émotives.

Samedi dernier, Françoise David a conclu les discours avec un appel à la paix aux deux parties. «J'ai dit que la solution au conflit devait être politique et négociée et qu'elle seule pourrait assurer la paix, aussi bien du côté palestinien que du peuple d'Israël. Cette intervention a été chaudement applaudie par la foule.»

Déjà samedi, Mme David avait déclaré qu'elle ne scanderait pas le slogan «Israël Assassin», inscrit sur certaines pancartes, à cause de l'ambiguïté de son message: qui est l'assassin, le gouvernement ou tout le peuple israélien? «Parce qu'il y a des gens au sein du gouvernement israélien qui, en ordonnant l'aventure militaire actuelle, tuent des gens et, semble-t-il, une majorité de civils.»

«Mais ça ne veut pas dire du tout que Québec solidaire est anti-israélien», dit Mme David. «Ce qui commence à être fatiguant, c'est que pour certains représentants d'une partie de la communauté juive, dès qu'on adresse des critiques à l'endroit du gouvernement israélien, c'est comme si on était anti-israélien. Est-ce que lorsqu'on critique Stephen Harper, on est anti-canadien? Ça ne tient pas debout.»

La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, était indignée de la réaction des deux organisations juives. «La CSN ne soutient aucun slogan haineux à l'endroit du peuple d'Israël. Cependant, je considère que la polémique ouverte et attisée par le Congrès juif et Québec-Israël doit prendre fin. Si elle devait se poursuivre, je considérerais qu'il y a là une manoeuvre de diversion pour tenter de détourner l'attention du drame humain qui se joue à Gaza.»