Un agent du FBI a témoigné que le Canadien détenu à Guantanamo, Omar Khadr, avait déjà identifié son compatriote Maher Arar en disant l'avoir vu dans des repaires d'Al-Qaeda et dans des camps d'entraînement en Afghanistan.

Robert Fuller a déclaré, lundi, à l'audience de la commission militaire américaine en vue du procès d'Omar Khadr à la prison de Guantanamo, que le détenu originaire de Toronto avait fait cette identification à partir d'une photo que lui ont montrée ses interrogateurs plusieurs mois après sa capture en Afghanistan en juillet 2002.

L'agent du FBI a affirmé qu'Omar Khadr, accusé d'avoir lancé une grenade qui a tué un soldat américain en Afghanistan, connaissait le nom de Maher Arar sans qu'il ne l'ait jamais rencontré au Canada.

Le cas de Maher Arar a fait l'objet d'une commission d'enquête au Canada, qui l'a blanchi publiquement de tout lien terroriste et lui a accordé une indemnité de 10,5 millions $.

Néanmoins, les Etats-Unis ont refusé de blanchir le Canadien d'origine syrienne.

Cet élément de preuve est le premier à être rendu public qui pourrait expliquer pourquoi les autorités américaines avaient jugé nécessaire de livrer Maher Arar à la Syrie - où il a été torturé -, plutôt que de le laisser rentrer au Canada.

Le lieutenant-commandant Bill Kuebler, l'avocat désigné par le Pentagone pour défendre Omar Khadr, a dit que le gouvernement américain croyait encore que Maher Arar est un terroriste.

Ni M. Arar, ni son porte-parole Richard Swain n'ont voulu commenter les allégations le concernant. Cependant, Kerry Pither, une écrivaine qui a écrit au sujet de M. Arar et qui a été son porte-parole lorsqu'il est revenu de Syrie, s'interroge sur la valeur du témoignage d'Omar Khadr.

Rappelant que M. Arar a engagé une poursuite devant la justice américaine, Mme Pither soutient qu'il s'agit d'une attaque gratuite contre sa réputation. Elle a de plus rappelé que le gouvernement canadien avait eu accès au dossier des Américains sur Maher Arar avant de lui présenter des excuses et l'indemniser.

«Il n'a jamais été fait mention du témoignage de Khadr à ce moment-là», a-t-elle dit.

Egalement lors de l'audience de lundi, une agente des services de renseignement a soutenu qu'Omar Khadr a admis avoir lancé une grenade en direction de soldats américains qui s'approchaient de lui, en Afghanistan, en 2002.

L'incident s'est produit après la mort de trois autres hommes, tués dans le campement par les forces américaines, alors qu'Omar Khadr, alors âgé de 15 ans et partiellement aveuglé par ses blessures, se cachait sous un buisson, selon ce que le jeune homme a raconté à l'agente.

Le Pentagone accuse le citoyen canadien d'avoir lancé la grenade qui a tué le sergent Chris Speer le 27 juillet 2002.

«Il n'avait jamais utilisé de grenade auparavant, alors il l'a simplement lancée par-dessus ses épaules, comme il avait vu d'autres le faire dans des films», a affirmé l'agente, identifiée comme l'interrogateur 11.

L'agente a soutenu qu'Omar Khadr avait initialement exprimé de la fierté pour avoir tué un soldat américain, mais qu'il s'était rendu compte par la suite que ce sont des Américains qui lui ont sauvé la vie.

La défense maintient que les déclarations incriminantes d'Omar Khadr ont été le résultat d'actes de coercition, et tente de convaincre le juge de les rejeter.

Les deux agents ont nié qu'Omar Khadr ait été victime de mauvais traitements de la part des autorités américaines.

Au contraire, l'agente a fait valoir qu'Omar Khadr était «très heureux» de la voir et a dit considéré fiable l'information obtenue auprès de l'accusé.

Des parties d'une vidéo de 27 minutes saisie par les forces américaines après l'échange de tirs en 2002 montrent Omar Khadr en compagnie de leaders d'al-Qaïda aidant à l'assemblage de bombes artisanales.

Le juge qui préside l'audience, le colonel Patrick Parrish, a fait savoir qu'il décidera vraisemblablement mardi si le procès d'Omar Khadr, qui doit débuter le 26 janvier, ira de l'avant ou sera reporté pour laisser à la défense plus de temps pour se préparer.

Ces procédures se déroulaient un jour avant l'entrée en fonction du nouveau président américain, Barack Obama, qui a promis de fermer la prison de Guantanamo.

Omar Khadr est le seul détenu occidental à être toujours emprisonné à Guantanamo.