Me Anne-France Goldwater n'a pas la langue dans sa poche et ne fait pas dans la dentelle quand elle défend une cause. Mais depuis la semaine dernière, elle s'est attiré des critiques pour sa façon d'agir dans la cause très médiatisée des ex-conjoints de fait.

Me Goldwater représente Lola, cette femme qui réclame 50 millions de dollars et une pension de 56 000 $ par mois pour elle-même à son ex-conjoint de fait. Pour Me Goldwater et son associée, Me Marie-Hélène Dubé, c'est la cause prétexte pour contester la loi en matière de reconnaissance des ex-conjoints de fait.

Or, la juge Carole Hallée n'a pas apprécié les sorties publiques de Me Goldwater et de sa cliente. «Je ne veux même plus regarder les nouvelles le soir... Il y a des gens qui m'appellent, je ne veux même plus répondre au téléphone, je ne veux même plus savoir où est-ce qu'il y a des entrevues. Là, ça dépasse les limites. Ça, c'est moi, mais c'est en dehors de ma cour...», a fait valoir la juge Hallée, vendredi dernier.

Un peu plus tard, la juge a signalé qu'on lui avait fait entendre un petit bout d'une entrevue accordée à l'émission de Paul Arcand, la semaine dernière. «Ça référait à des objections. Je ne suis pas de bonne humeur ce matin. Ça ne changera rien dans le dossier, inquiétez-vous pas. La question est intéressante, j'en mange. J'ai fait du droit familial toute ma vie, je suis contente d'avoir ce dossier-là. Mais je déplore ce qui se passe en dehors de ma salle d'audience», a dit la juge.

Hier, Me Pierre Bienvenu, avocat de l'ex-conjoint, a reproché à Me Goldwater d'avoir introduit de la «preuve inutile et préjudiciable» pendant le procès. Il faisait allusion à des détails de la vie de son client qui ont été dévoilés sur la place publique, mais qui n'ont rien à voir avec le débat sur la reconnaissance des ex-conjoints de fait. Selon lui, cette façon de faire a fait quatre victimes : son client et les trois enfants du couple. Il considère que la crédibilité de la plaignante en a été affectée. «J'ose croire que le passage du temps ne laissera pas s'estomper l'indignation que vous aviez, vendredi, sur les événements se déroulant hors de la salle», a-t-il dit à la juge.

«Il est libre d'argumenter ce qu'il veut. On a fait tout ce qui était possible pour éviter que les parties témoignent devant le tribunal», a répliqué Me Goldwater, hier, interrogée à la sortie de la salle d'audience. L'avocate regrette cependant d'avoir laissé Lola parler aux médias.

«Ma cliente se sent très blessée par des réactions à son égard. Elle a pris la décision ferme de ne plus parler. Elle n'a pas d'expérience pour savoir comment répondre ou ne pas répondre à des journalistes. Les journalistes cherchent le potinage, elle ne sait pas comment ne pas répondre. Elle tombe dans les pièges», dit-elle.

«J'étais contente d'avoir un beau dossier de justice sociale, et là c'est réduit, ça ne peut que ternir le débat. La juge a raison de demander d'arrêter le potinage», a dit la bouillante avocate. Le procès se poursuit aujourd'hui avec les plaidoiries des avocats sur l'aspect constitutionnel du dossier.