Dans le cadre de l'enquête du coroner sur la mort de Fredy Villanueva tombé sous les balles policières en août dernier à Montréal-Nord, des avocats pressentis pour représenter des personnes reliées au dossier affirment avoir obtenu d'un policier de la Sûreté du Québec (SQ) la confirmation qu'on leur avait bel et bien promis que leur travail serait payé par l'Etat.

Encore la semaine dernière, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, affirmait de son côté que son intention était la même depuis le 2 décembre: seuls les frais d'avocat de la famille Villanueva seront pris en charge par l'Etat, ce qui laisse en plan notamment deux jeunes blessés par balle.

En conférence de presse, mercredi, Me Alain Arsenault, pressenti pour représenter Jeffery Sagor Metellus (blessé par balle lors de l'événement), a fait entendre une bande audio.

L'avocat soutient qu'on y entend la voix d'un sergent-détective chargé de l'enquête de Montréal-Nord affirmer que Me Louis Dionne, directeur des poursuites criminelles et pénales, avait promis le 2 décembre que l'Etat paierait les services des avocats pour les familles impliquées dans l'enquête publique.

Me Arsenault a demandé aux médias de taire le nom du policier, même si l'on entend son nom dans l'enregistrement.

«Il existe une contradiction évidente entre l'information présentée en personne aux familles concernées en décembre dernier et celle confirmée par le ministre de la Sécurité publique la semaine dernière», a souligné Me Arsenault.

Interrogée sur l'authenticité de la bande sonore, la policière Mélanie Paul, du service des communications de la SQ, a déclaré dans un premier temps que «des vérifications étaient en cours».

Un peu plus tard, elle affirmait ceci: «Je ne peux même pas vous confirmer l'enregistrement que vous avez entendu. Ce dossier, on l'a eu, on l'a soumis aux procureurs et au coroner. Ce n'est plus notre dossier, alors on ne fait plus de communications».

Pour Me Arsenault et ses collègues, la situation n'a pas de sens. «Il faut donner des moyens aux gens. Du côté des policiers, il y a six avocats chevronnés qui sont payés à même les fonds publics», a-t-il signalé.

«Quand ils vont interroger les témoins, on en annonce 75, il faut s'attendre à ce que ce soit musclé.»

Un autre élément chicotte Me Arsenault. Le coroner est prêt à remettre aux avocats 1060 pages de déclarations de témoins, de rapports balistiques et d'analyses. Cependant, il est exclu qu'ils obtiennent le rapport d'enquête sur les événements du 9 août 2008 ainsi que le rapport des procureurs de la Couronne qui ont décidé de ne pas porter d'accusations criminelles contre les policiers.

D'où la question qu'il se pose quant à la crédibilité de l'enquête du coroner présidée par le juge Robert Sansfaçon.

«Allons-nous savoir que les policiers en cause dans l'incident n'ont fait aucune déclaration et que c'est leur avocat qui a rédigé des résumés? A l'inverse, il y avait deux policiers à la sortie de la salle d'opération où avaient été amenés deux jeunes blessés. Ils étaient sous sédatif et ils ont dû donner une déclaration le soir même», a-t-il fait valoir.