Le juge à la retraite Gaston Labrèche, de la Cour du Québec, est décédé et deux autres Canadiens ont été blessés, mardi, lorsque deux autobus sont entrés en collision sur une route détrempée de Resistencia, une ville du nord de l'Argentine située non loin de la frontière du Paraguay.

Guy Gagnon, juge en chef de la Cour du Québec, a confirmé la nouvelle du décès de M. Labrèche mercredi. Selon diverses sources d'informations, l'épouse du juge Labrèche serait l'une des deux Canadiennes blessées. Selon Ricardo Armando Maidana, chef de police de la localité, l'accident est survenu pendant qu'une averse et des vents violents sévissaient dans la province de Chaco.

Une femme de 23 ans, originaire de l'Argentine, et le deuxième chauffeur de l'autobus, qui se reposait lorsque la collision a eu lieu, ont également péri.

Selon M. Maidana, cinq des 12 passagers ayant subi des blessures se trouvaient toujours à l'hôpital mercredi, incluant le chauffeur de l'autobus dans lequel prenait place M. Labrèche. M. Maidana a ajouté qu'une dame originaire de l'Argentine avait subi de «graves» blessures.

Il n'y avait aucun passager dans le second autobus, et son chauffeur n'a pas été blessé.

M. Maidana a également précisé que l'autobus dans lequel voyageait M. Labrèche avait quitté Salta et se dirigeait vers les Chutes Iguaçu, une populaire destination touristique dans la province de Misiones.

Homme de culture

Originaire d'Amos, à quelque 600 km au nord-ouest de Montréal, le juge Labrèche, un septuagénaire selon les informations obtenues, a pratiqué le droit pendant 10 ans, puis exercé la fonction de juge à la Cour du Québec de 1971 à 1996.

Intéressé par les questions de droits et libertés, M. Labrèche a fondé dans les années 1980 un groupe d'Amnistie internationale en Abitibi. Après sa retraite en 1996, il s'est impliqué dans le Comité québécois pour la reconnaissance des droits des travailleurs haïtiens en République dominicaine.

En 2002, M. Labrèche a été observateur lors d'un procès en Tunisie. Deux ans plus tard, il a tenté, mais sans succès, d'entrer en Iran afin d'assister aux audiences relativement à la mort de Zahra Kazemi, une photographe de presse de Montréal.

Selon Anne Ste-Marie, d'Amnistie internationale, peu de juges à la retraite ont travaillé autant que M. Labrèche en matière de droits de la personne.

«Il croyait aux droits de la personne et il unissait les gens autour de lui», a confié Mme Ste-Marie, qui a collaboré avec M. Labrèche dans plusieurs dossiers.

M. Gagnon s'est souvenu d'un homme aux vastes connaissances et très attiré par les droits sociaux et humains.

«C'était un juge doué pour les arts, doté d'une grande culture et très intéressé aux missions internationales. Il était très intéressé par les libertés individuelles et il le faisait de son propre chef, à ses propres frais», a relaté Me Gagnon en entrevue téléphonique.

«À la chambre criminelle de Montréal, il a été un excellent juge, très efficace, et lorsqu'il était juge en Abitibi, il se distinguait par sa grande polyvalence. Il a siégé tant en matière civile qu'en matière criminelle et il avait une plume exceptionnelle», a ajouté le juge en chef.