Un drame conjugal expliquerait la mort d'un couple, retrouvé sans vie hier après-midi dans le bungalow d'un secteur paisible de Laval-des-Rapides. Trois enfants se retrouvent aujourd'hui orphelins.

Le drame, survenu vers 15h dans une résidence de la place de Mézières, plonge le voisinage dans la consternation.

Selon nos informations, Mahboub El-Hage, 57 ans, aurait abattu son ex-femme de 38 ans, Jinane Ghannoum, avant de retourner son arme contre lui.

 

Le fils aîné du couple aurait fait la découverte du corps de ses parents au sous-sol de la maison, avant d'alerter les autorités. Tous deux avaient été atteints à la tête.

Le couple avait trois enfants, deux garçons et une fille, respectivement âgés de 15, 14 et 10 ans.

M. El-Hage, chauffeur de taxi lavallois, était séparé de son ex-conjointe depuis quelques mois et n'habitait plus avec sa famille.

Après la séparation, la relation de ce couple jusqu'alors sans histoire s'était sérieusement détériorée.

Les policiers se seraient présentés à quatre reprises sur les lieux de la tragédie depuis leur rupture. L'homme et la femme avaient porté plainte à quelques occasions l'un contre l'autre pour des épisodes de violence conjugale.

Accusé de menace, d'agression armée et de bris d'engagement, le père de famille devait se présenter en cour le mois prochain. «L'homme venait à la maison pour battre sa femme. C'était pourtant de bonnes personnes, un couple tranquille jusqu'à leur séparation. C'est triste pour les enfants», a déploré une voisine, Conceicae Melo.

Jinane Ghannoum était employée dans une caisse populaire lavalloise. Sous le couvert de l'anonymat, une de ses amies et voisine a déploré le manque de protection des femmes pour échapper à de tels drames.

«C'était une belle famille, le père était très poli. J'ai vu quelquefois des autos de police et des ambulances mais je pensais que quelqu'un était malade», a pour sa part expliqué André Lévesque, un autre voisin.

Les enquêteurs lavallois ont entrepris en fin d'après-midi une longue enquête pour reconstituer le drame. Un poste de commandement a été érigé dans ce rond-point jusqu'alors tranquille, investi par les voitures de police et les camions-satellites des médias.

Au moment d'écrire ces lignes, la police de Laval refusait de confirmer avec exactitude la thèse du drame conjugal, même s'il s'agissait du scénario le plus plausible.

En soirée, des confrères de travail de M. El-Hage se sont rassemblés sur les lieux au volant de leur taxi. «C'est trop triste, vraiment trop triste», a laissé tomber Adel, de la compagnie Prop Taxi Laval, qui travaillait depuis quelques années avec l'auteur présumé du drame.

Il décrit ce dernier comme «un bon gars et un bon père de famille», qui ne se sentait pas bien depuis sa séparation. «Il aimait beaucoup ses enfants. Il aimait trop ses enfants», a-t-il résumé.

Quant aux enfants, ils ont été pris en charge par des proches. Quelques-uns d'entre eux ont défilé sur les lieux au cours de la journée. Visiblement en état de choc, ils n'ont pas voulu commenter la tragédie. «Pour l'instant, nous n'avons rien à dire. Nous parlerons demain», a dit Élie Ghannoum, le frère de la victime, joint en soirée à son domicile de Laval.

Il s'agit du troisième drame conjugal depuis le début de l'année au Québec. Un pacte de suicide a d'abord fauché la vie d'un homme et de ses trois enfants au début de janvier à Saguenay. La mère de famille, Cathie Gauthier, a survécu au drame.

Le cardiologue Guy Turcotte est accusé d'avoir assassiné ses deux enfants dans une résidence de Piedmont avant d'essayer de mettre fin à ses jours en ingurgitant une dose de médicaments, en février.

Avec Catherine Handfield