Le difficile partage de la route entre les cyclistes et les automobilistes vient de faire une victime de haut calibre aux États-Unis. Un jeune espoir du vélo québécois a été blessé par un chauffard, qui a pris la fuite. Sa survie n'est pas compromise, mais sa saison, si.

Arnaud Papillon, 20 ans, a été heurté de plein fouet jeudi dernier par un imposant véhicule utilitaire sport alors qu'il filait sur une route de la Caroline-du-Sud. Le choc a été assez violent pour qu'il soit projeté à plusieurs mètres de sa monture. Le chauffeur n'a pas daigné s'arrêter. Il n'aurait même pas freiné. Arnaud Papillon a attendu de longues minutes avant qu'un autre automobiliste le remarque, s'immobilise et appelle les secours.

 

À son arrivée à l'hôpital, le sportif était paniqué. Il ne sentait plus sa jambe. «J'avais peur qu'elle soit paralysée», a-t-il raconté hier à La Presse, qui l'a joint à Seneca, en Caroline-du-Sud. Le premier diagnostic des médecins était encourageant, mais le suivant est plus sombre. Aux dernières nouvelles, le jeune homme aurait trois vertèbres lombaires fracturées et possiblement un ligament déchiré au genou. Il devra certainement être opéré.

Dans ces conditions, le Longueuillois a déjà fait une croix sur sa prochaine compétition, le tour de la Colombie, pour laquelle il était parti s'entraîner une quinzaine de jours sous le soleil de la Caroline. Il ne sait pas encore s'il pourra remonter en selle cet été pour participer aux prochains Championnats du monde avec l'équipe nationale canadienne.

«Ma saison est compromise et cela m'angoisse beaucoup», a-t-il dit. Le choc est d'autant plus grand qu'Arnaud était sur une bonne lancée: il a remporté la Classique Québec-Montréal et s'était classé parmi les meilleurs Canadiens au Tour de l'avenir - un Tour de France pour les moins de 23 ans.

Incompréhension

La mère d'Arnaud Papillon cache mal sa colère l'endroit de l'automobiliste fautif. « Il ne l'a pas seulement frôlé, il l'a heurté de plein fouet alors qu'il faisait encore jour», explique Marie-Claude Martel. Le conducteur ne peut prétexter qu'il n'a pas senti l'impact: «Il a perdu un rétroviseur», insiste-t-elle.

«Plus j'y pense, plus je me dis qu'il l'a fait exprès. Je ne vois pas d'autre explication», ajoute Arnaud Papillon. Le cycliste avait quelques minutes d'avance sur ses coéquipiers. «Le chauffeur venait de croiser des vélos, il savait qu'il devait être attentif.»

Les policiers américains ont ouvert une enquête pour tenter de retrouver le chauffard à l'aide des débris de son véhicule recueillis sur les lieux de l'incident. «Il faut le retrouver pour qu'il comprenne l'impact que son geste a eu», dit Arnaud Papillon.

Les conducteurs du Québec aussi devraient en tirer des leçons, ajoute sa mère. «La saison de vélo commence à peine, ici, il ne faudrait pas que des choses pareilles se produisent. Les cyclistes sont si fragiles, et le partage de la route avec les automobilistes n'est pas souvent à leur avantage.»