Le tueur à gages repenti Gérald Gallant a reconnu mardi sa culpabilité à 46 chefs d'accusation, dont 27 pour autant de meurtres commis entre 1978 et 2003.

Devant le juge Claude Gagnon de la Cour supérieure, Chambre criminelle, au palais de justice de Québec, Gallant a aussi plaidé coupable à 12 chefs d'accusation pour tentative de meurtre.

L'homme de 58 ans a aussitôt été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

Au cours de sa comparution, Gérald Gallant a exprimé ses regrets auprès des familles des victimes, dont certaines s'étaient déplacées pour assister aux aveux du tueur devenu délateur.

Dans la salle d'audience se trouvait en outre Hélène Brunet, cette serveuse de restaurant de Montréal qui a survécu à l'été 2000 aux balles tirées par Gallant et son présumé complice, Gérard Hubert, venus assassiner le prêteur sur gages Robert «Bob» Savard.

«Je regrette tout le mal que j'ai causé aux victimes et à leurs familles, je comprends que le pardon sera difficile, voire impossible, mais je l'accepte. Ma raison de collaborer avec la police est de réparer en partie le mal que j'ai causé. Je vous demande pardon», a dit l'homme de main.

Gallant fixait le sol au moment où le procureur de la Couronne, Me Sabin Ouellet, faisait allusion à ses cinq victimes tuées «par erreur».

Parmi ces cibles innocentes figure le détective privé Luc Bergeron, tué en janvier 1999, alors qu'il se rendait à son domicile de l'arrondissement Sainte-Foy.

La victime de 31 ans occupait l'ancien appartement d'une connaissance du Hells Angels Jonathan Robert. Gallant voulait assassiner Robert mais il a abattu M. Bergeron, père d'un enfant en bas âge.

Le prolifique tueur à gages purge déjà une peine d'emprisonnement à perpétuité pour un meurtre perpétré à Sainte-Adèle dans les Laurentides, en 2001. Il a conclu un contrat de délation qui a mené à l'arrestation de 10 individus la semaine dernière.

Les 10 suspects ont été accusés de 28 meurtres, tous commis en complicité avec Gallant sur une période de 25 ans. Au moins 13 de ces homicides sont survenus durant la guerre des motards qui a sévi entre 1994 et 2002.

En échange de sa collaboration avec les autorités, le délateur recevra 50 dollars par mois pour ses menus achats à la cantine de la prison en plus de bénéficier d'une protection spéciale pour sa personne.

Il lui est par ailleurs interdit de chercher à tirer profit de sa longue carrière criminelle auprès d'un éditeur ou d'un producteur.

Gérald Gallant avait été arrêté en Suisse en 2006 pour une banale histoire de cartes de crédit clonées.

La Sûreté du Québec, qui le soupçonnait de meurtre, est allé rencontrer Gallant en détention à Genève où ce dernier a offert de déballer son sac.

«C'est possiblement un cas qui va passer à l'histoire (...) On a rarement vu dans les annales autant de meurtres et de tentatives de meurtre commis par une même personne et qui ont fait l'objet d'un plaidoyer de culpabilité», a dit la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Martine Bérubé, en point de presse.

Les confessions de Gallant ont entre autres permis de boucler l'enquête sur le meurtre de Paul Cotroni, fils de Frank, perpétré le 24 août 1998 à Repentigny, et sur la tentative de meurtre de Louis «Melou» Roy, survenue en août 1997 à Jonquière.

Gallant était un tueur sanguinaire et semblait s'entourer en conséquence. Son ex-amie de coeur, Jacqueline Benoît, fait l'objet d'un mandat d'arrêt et est activement recherchée. Elle est soupçonnée d'être l'auteure de deux meurtres et d'une tentative de meurtre. La police croit qu'elle se terre en Europe.