C'est de son propre chef, sans invitation particulière, que Frédéric Garneau a conduit à très haute vitesse sur la rue Notre-Dame, le soir du 24 juillet 2005. Au volant d'une Hyundai Accent 1996, il voulait se mesurer à la rutilante Crossfire conduite par Daniel Dupuis.

C'est ce qui se dégage du témoignage que Garneau, 21 ans, a livré ce matin au procès de Dupuis, 36 ans. Même si les deux jeunes filles mortes dans le terrible accident qui a conclu cette course folle se trouvaient dans la voiture de Garneau, Dupuis est accusé de conduite dangereuse ayant fait deux morts et de délit de fuite.

Dupuis n'a pas été impliqué directement dans l'accident, mais le ministère public lui reproche de s'être engagé dans une course avec le jeune Garneau. On lui reproche également d'avoir poursuivi sa route sans s'arrêter après avoir aperçu la voiture de Garneau percuter un arbre et un lampadaire.

Le témoignage de Garneau, témoin principal dans cette affaire, n'apporte cependant pas beaucoup d'eau au moulin de la théorie de la Couronne. Ce matin, il n'a jamais admis que Dupuis lui avait lancé un défi. Selon Garneau, lui et Dupuis se sont retrouvés côte à côte en attente à un feu rouge, à l'angle des rues Dickson et Notre-Dame.

Garneau, qui avait trois passagers à bord, a complimenté Dupuis pour sa voiture. «Tu as un beau char», lui a-t-il lancé. Quand le feu est tombé au vert, Garneau a tourné à droite sur la rue Notre-Dame et a commencé à rouler à vitesse normale. La Crossfire l'a dépassé à vive allure. Garneau a alors appuyé sur l'accélérateur pour suivre et tenter de dépasser la Crossfire.

Garneau filait à environ 150 km/h selon son souvenir, et il se trouvait à environ six ou sept longueurs de voiture de la Crossfire.  À un certain moment, une fourgonnette blanche s'est rangée devant la Hyundai. La Crossfire a ralenti, ce qui a permis à la Hyundai de se faufiler entre la fourgonnette et la Crossfire. Mais ce faisant, Garneau a perdu le contrôle de son véhicule, qui s'est mis à déraper, pour aller percuter un arbre et un lampadaire.

Ce procès présidé par le juge Salvatore Mascia se poursuit cet après-midi au palais de justice de Montréal. Rappelons que Garneau a été condamné à trois ans de prison pour cette affaire, en novembre 2007,  après avoir plaidé coupable à des accusations de conduite dangereuse ayant causé la mort.

Le jeune homme, qui n'avait aucun antécédent judiciaire auparavant, est sorti de prison au sixième de sa peine.

Photo: Robert Mailloux, La Presse

Frédéric Garneau, au palais de justice de Montréal.