Après sept accusations de conduite avec facultés affaiblies, Raymond Lévesque aurait dû comprendre. Hélas, il y a eu une huitième fois. Et celle-là a coûté la vie à Karine Méthot, le 8 mai 2007. L'homme de 59 ans, qui ne veut plus conduire mais qui a mis trop de temps à comprendre, risque maintenant d'écoper de 10 ans de pénitencier.

Dix ans, c'est ce que le procureur de la Couronne Martin Chalifour a demandé à la juge Hélène Morin, hier, lors des plaidoiries sur la peine. Les sept accusations antérieures sont autant de facteurs aggravants, a-t-il fait valoir. Environ une heure après le drame, l'alcoolémie de Lévesque oscillait entre 198 et 185 mg, alors que la limite est de 80. Hier, des proches de la victime sont venus témoigner de leur douleur d'avoir perdu la jeune femme, qui n'avait que 23 ans et qui a été heurtée pratiquement sous leurs yeux, devant le domicile familial, à Pointe-aux-Trembles. Karine Méthot s'en allait magasiner avec son copain et s'apprêtait à monter dans la voiture, en début de soirée, quand Lévesque l'a fauchée. Il a poursuivi sa route sans s'arrêter et s'en est allé chez lui. Il a été arrêté le même soir, car un témoin avait réussi à noter le numéro de plaque.«J'ai compris que c'était son dernier souffle»

Dans une lettre remise hier à la juge Hélène Morin, la mère de la victime, Réjeanne Méthot, résume ainsi les événements. «C'est lorsque j'ai entendu mon gendre crier à mon mari: Serge, Serge, Karine a eu un accident... J'ai composé le numéro (911)... Karine était étendue sur le sol inconsciente et blessée sévèrement à la tête. Il y avait énormément de sang... de la manière qu'elle était placée et la difficulté avec laquelle elle avait à respirer, j'ai alors compris que c'était son dernier souffle...»

La jeune victime est morte à l'hôpital quatre jours après l'accident, quand sa famille a accepté que l'appareil qui la maintenant en vie soit débranché. «J'aurais aimé respirer pour elle, pour que son coeur, si jeune encore, se remettre à battre, pour qu'elle ouvre les yeux et qu'elle me sourie à nouveau et pour que je puisse lui dire combien je l'aime», a écrit sa mère.

Les lendemains n'ont pas été faciles. Le père, Serge Méthot, était incapable d'entrer dans la chambre de sa fille après sa disparition. Voir le lieu de l'accident constamment, à leur porte, leur était aussi très douloureux. Le couple a fini par vendre la maison.

De son côté, l'avocat de l'accusé, Me Yves Gratton, estime qu'une peine de 10 ans de prison est trop lourde, car son client est rongé par les remords. «Quand il a entendu la preuve, il a compris. Même s'il y a eu un début de procès, il a plaidé coupable, il ne voulait pas faire vivre ça à la famille», a fait valoir Me Gratton.