L'enquête sur la mort des trois soeurs montréalaises trouvées mortes dans le canal Rideau avec leur tante le mois dernier a pris une tournure inattendue, mercredi. La police a arrêté trois membres de la famille des victimes et les a conduits en Ontario.

Selon ce qu'a appris La Presse, les trois personnes appréhendées seraient le père des trois soeurs, Mohammad Shafi, sa femme et le fils de 18 ans de M. Shafi.

La police de Kingston a refusé de confirmer la nouvelle. Elle a cependant publié un communiqué pour annoncer qu'elle ferait le point sur l'enquête à 14h jeudi.

Selon plusieurs sources, les trois suspects ont été arrêtés non loin de l'autoroute Métropolitaine alors qu'ils se dirigeaient vers l'aéroport Montréal-Trudeau, possiblement pour fuir le pays.

Ces arrestations surviennent plus de trois semaines après la mort nébuleuse des trois soeurs et de leur tante. Le matin du 30 juin, Zainab Shafi, 19 ans, Sahar Shafi, 17 ans, Geeti Shafi, 13 ans, et Rona Amir Mohammed, 50 ans, ont été trouvées mortes à l'intérieur d'une voiture submergée dans une écluse de Kingston Mills, à 300 km de Montréal.

Le père des jeunes filles, Mohammad Shafi, sa femme, Tobba Yahya, ses sept enfants et sa cousine revenaient d'un séjour aux chutes Niagara. Interrogée par les médias quelques jours après le drame, la famille avait assuré qu'il s'agissait d'un bête accident.

Mohammad Shafi alléguait que sa fille de 19 ans, qu'il décrivait comme une enfant rebelle, avait probablement emprunté la voiture tôt le matin pour s'exercer à conduire, bien qu'elle ne possédât pas de permis.

La police de Kingston, elle, a toujours maintenu que l'incident était suspect et a poursuivi son enquête. Les voisins de la famille, qui habite rue Bonnivet, dans le quartier Saint-Léonard, ont aperçu des voitures de la police ontarienne à quelques reprises au cours du mois de juillet.

Perquisition

Mardi soir, les policiers de Kingston avaient d'ailleurs perquisitionné au domicile des Shafi, selon plusieurs voisins interrogés mercredi soir.

«Ils sont arrivés vers 18h, escortés par une voiture de la police de Montréal, et ils sont restés trois bonnes heures», a indiqué Jean-Luc Tremblay, rencontré devant l'immeuble où habite la famille Shafi.

Une heure après l'arrivée des enquêteurs, les trois cadets de la famille, âgés de 8, 14 et 16 ans, ont monté dans une petite voiture rouge, valise à la main. Les voisins ont immédiatement pensé qu'il s'agissait d'une voiture de la DPJ.

Il y a deux semaines, la police ontarienne avait saisi l'une des voitures que la famille aurait utilisées pour se rendre en Ontario, une Lexus gris argent. Les quatre victimes ont été trouvées dans l'autre voiture, une Sentra Nissan noire.

La police de Kingston n'a pas rendu publics les résultats des autopsies. On ignore toujours si les victimes sont mortes noyées ou si elles étaient déjà mortes quand la voiture a plongé dans le canal.

Les derniers développements de l'enquête ont bouleversé les voisins des Shafi. La famille, d'origine afghane, s'était installée dans le secteur il y a environ deux ans après avoir passé quelques années aux Émirats arabes unis.

«Dans le pire des scénarios qu'on avait imaginés, les filles seraient tombées sur un maniaque qui les aurait poussées dans le canal. Mais on n'aurait jamais pensé que la famille pouvait être impliquée», a dit un voisin, qui a requis l'anonymat.

«J'espère seulement que ce n'est pas un crime d'honneur», a soupiré un autre voisin. Selon une information non confirmée, Rona Amir Mohammed, la cousine de M. Shafi, est également son ex-femme.