L'achat des propriétés de Vincent Lacroix ne sera vraisemblablement pas l'aubaine de l'été. Loin d'aborder cette opération comme une vente de feu, l'épouse du financier déchu, Sylvie Giguère, misera sur l'attrait de ses deux propriétés dans le quartier Southière-sur-le-lac, à Magog, pour tenter de sauver sa résidence de Candiac, sur la Rive-Sud de Montréal.

Un cadre juridique guidera le processus de vente qui débutera au cours des prochains jours avec la nomination d'un courtier. Cette convention a été négociée pour régler les poursuites civiles sommant Sylvie Giguère et Vincent Lacroix de rembourser les montants puisés dans la caisse des épargnants de Norbourg pour les paiements de biens immobiliers.

Comme il ne s'agit pas d'une saisie à proprement dit, Mme Giguère conservera à titre de propriétaire légalement reconnue un droit de regard sur les offres éventuelles, pouvoir qu'elle partagera avec les deux syndics qui sont à ses trousses. Ces derniers ne peuvent toutefois espérer rapatrier toutes les recettes anticipées pour le bénéfice des épargnants floués et des créanciers de la faillite personnelle de M. Lacroix.

«Les sommes que nous pouvons récupérer ne peuvent aller au-delà des montants identifiés comme provenant des fonds Norbourg pour l'acquisition de ces biens, soit 1,4 M $, plus les intérêts. Mme Giguère sera donc la première à veiller à ce qu'il n'y ait pas de vente de feu puisque toutes les sommes excédant1,8 M $ lui appartiendront», précise Gilles Robillard, de la firme RSM Richter, le syndic défendant les investisseurs de Norbourg Gestion d'Actifs.

«Comme il est dans l'intérêt de chacun d'obtenir le meilleur prix possible, rien ne sera vendu pour des miettes. Si les propriétés de Magog rapportent assez d'argent pour libérer Mme Giguère des poursuites, elle n'aura pas à vendre sa résidence de Candiac. C'est ce qu'elle vise, bien qu'il n'y ait aucune garantie à cet effet », entérine l'avocat magogois Guy Plourde, qui, lui, représente les intimés.

Le marché de l'immobilier est moins frénétique qu'il ne l'était avant le fléchissement marqué de l'économie, y compris dans Magog-Orford. Les syndics accorderaient toutefois au couple Giguère-Lacroix un délai d'un an pour verser les sommesréclamées.

La propriété ayant le meilleur potentiel de vente est celle se trouvant en bordure du lac Memphrémagog, au 328 de l'avenue de la Chapelle, que les Lacroix ont payée 800 000 $ en 2003.

«Je ne l'ai pas revisitée depuis la vente. Si je me fie aux transactions des six derniers mois pour les propriétés au bord de l'eau dans l'ancien Canton de Magog, l'évaluation municipale correspond à environ 70% de la valeur marchande. Cela situerait cette propriété entre 1,2 et 1,5 M $ », estime l'agent immobilier Albert Brandt, qui l'a vendue à Mme Giguère il y a six ans.

«Ça m'apparaît cher pour une propriété ayant l'inconvénient d'offrir un bâtiment plutôt modeste. Les gens prêts à payer 1 M $ aiment avoir de l'espace. Déjà que, les acheteurs sont plus difficiles à trouver  », analyse un autre spécialiste du marché immobilier autour du lac Memphrémagog, Robert Macaulay.

Il est d'ores et déjà acquis que Donald Lacroix, le père de l'ex-président de Norbourg et qui habite toujours l'une des propriétés de son fils récemment sorti de prison (au 30 avenue de la Plage) n'est pas celui qui sera chargé de la vente des propriétés de Sylvie Giguère, même s'il détient son permis et est actif comme agent.

M. Lacroix a toutefois le mandat d'un autre de ses fils, Patrick, de vendre sa maison du 38, avenue de la Plage.

«Cette maison est voisine de celle que j'occupe présentement mais il n'y a absolument aucun lien, ni financièrement ni juridiquement, avec les autres dossiers », insiste Donald Lacroix, en s'abstenant de tout autre commentaire.