«Je ne referais plus ça, c'était une mauvaise décision de ma part, je regrette. Mais là, la punition est grande: ils mettent ça comme si j'avais tué quelqu'un.»

Après 24 heures de tempête médiatique, «Sylvain», le père du garçon de 7 ans que l'on peut voir sur l'internet en train de conduire la voiture familiale sur une petite route de la Côte-Nord, s'est manifesté hier.

 

Il a joint Claude Poirier à son émission Le vrai négociateur, sur LCN, pour une brève entrevue de quatre minutes. Son nom de famille n'a pas été dévoilé pour protéger la vie privée de ses enfants.

L'homme, manifestement ébranlé, a répété à plusieurs reprises qu'il s'en voulait d'avoir laissé son fils conduire la voiture. Il a toutefois tenté d'atténuer la gravité du geste. Sur la vidéo, diffusée sur YouTube jusqu'à lundi, on voit le garçonnet conduire la voiture pendant que le père filme et s'extasie sur l'aplomb de son fils.

À l'arrière, la mère, inquiète, tient une jeune enfant surnommée «Toutoune» tandis que le frère adolescent sourit. «Il est rendu à 70km/h, il est fou!» dit le père. «Garçon, je t'aime, mon petit conducteur en herbe», ajoute-t-il. Personne ne porte sa ceinture de sécurité, la pluie tombe et les parents parlent sans cesse à l'enfant.

La Sûreté du Québec a annoncé lundi avoir ouvert une enquête. Selon les recommandations qu'elle transmettra au procureur, le père pourrait être accusé de négligence criminelle ou écoper d'amendes pour de multiples infractions au Code de la sécurité routière.

Hier, en entrevue télévisée, le dénommé Sylvain a avoué que c'était lui qui avait mis en ligne la vidéo, filmée il y a plus de deux ans. «J'étais quand même fier de mon gars parce qu'il était capable de conduire une voiture, a-t-il précisé. C'est moi qui l'ai mis là (sur YouTube), juste pour montrer à mes amis.»

Contrairement à ce qu'on l'entend dire sur la vidéo, le père assure que son fils n'a jamais dépassé les 40km/h. «J'ai dit à un moment donné qu'il roulait à 70, mais c'était simplement une joke comme ça, en l'air. Je n'aurais jamais laissé mon garçon rouler à cette vitesse-là.»

Quant à la route sur laquelle on le voit à l'oeuvre, «c'est un chemin qui va à un lac, ce n'est même pas une route. Il n'y a pas de voitures qui passent, il n'y a rien. C'est large. Ce n'était pas dangereux, contrairement à ce qu'ils disent.»

Sylvain se dit «déboussolé» par l'ampleur qu'a prise cette histoire. «Ma blonde est bouleversée, mes enfants pleurent. C'est l'enfer. Moi, je n'ai aucun problème de payer des tickets ou d'aller en prison, je m'en fous. Pourvu qu'on lâche ma famille.»

Il estime qu'il est loin d'être le seul père à avoir laissé conduire son jeune fils. «Combien de parents font conduire leurs petits enfants sur le volant, en plein milieu d'une ville ou d'une petite rue avec de la circulation? Moi, il n'y avait aucune auto, aucun obstacle. J'aimerais qu'on arrête de mettre ça pire que c'est. En quelque part, ça n'a pas d'allure.»

Sylvain se dit prêt à rencontrer les policiers et a autorisé Claude Poirier à leur transmettre son numéro de téléphone. La SQ a refusé hier de confirmer si elle était entrée en contact avec le père, se contentant de préciser que l'enquête était toujours en cours.