Le jury a déclaré Gilles Chagnon coupable en fin d'après-midi du meurtre prémédité de la chauffeuse d'escortes Danielle Boucher. Il écope automatiquement d'une peine de prison à perpétuité.

Les jurés avaient entrepris leurs délibérations, jeudi, sans savoir que l'accusé a avoué deux autres meurtres, dont un pour lequel il a été jugé et acquitté.

Ces aveux de meurtre, Chagnon les a faits il y a trois ans, devant le supposé grand patron d'une organisation criminelle prospère, dont il voulait désespérément faire partie. Pour être admis dans cette organisation, Chagnon devait dévoiler son passé criminel, afin que l'organisation puisse effacer les traces qui pouvaient subsister. C'est ainsi que, en décembre 2006, croyant s'adresser au grand patron (qui est en réalité un agent double de la police), Chagnon avoue avoir commis trois meurtres en 1994. Il raconte alors en long et en large comment il s'y est pris pour tuer Danielle Boucher, en février 1994. Le meurtre était commandité par Barbara Harangozo, conjointe de Danielle Boucher. Et il a été payé 8000 $, pour ce crime, dit-il.

Chagnon avoue aussi qu'il a tué un revendeur de cigarettes, Daniel Favre, environ deux mois plus tard, à Longueuil. L'homme avait été abattu par balles devant sa conjointe. Il n'y a pas à s'inquiéter de cette histoire, fait-il valoir, puisqu'il a été jugé et acquitté de ce meurtre. Il raconte que ses parents, à l'époque, avaient accepté de lui fournir un faux alibi. Enfin, il affirme que la même année, il a assisté à l'exécution d'un pédophile, à Longueuil, mais précise qu'il n'a pas tiré lui-même.

Ces aveux de Chagnon, faits dans le cadre d'une mise en scène policière appelée «Mister Big», lui ont valu une accusation de meurtre au premier degré pour la mort de Danielle Boucher. Son procès devant jury s'est ouvert il y a quelques semaines à Montréal. Avant que la preuve soit présentée au jury, des éléments jugés trop dommageables pour l'accusé ont été retranchés. Ainsi, les aveux de Chagnon au sujet des deux autres meurtres ont été biffés. Et tous les témoins devaient faire attention pour ne pas en parler devant le jury. Par ailleurs, pour la même raison, un antécédent d'agression armée de Chagnon a aussi été écarté de la preuve.

Dans sa plaidoirie, Me Éliane Perreault, de la Couronne, a fait valoir que Chagnon était indéniablement coupable du meurtre de Mme Boucher, puisqu'il l'a lui-même admis, et qu'il connaissait des détails que seul le meurtrier pouvait connaître. Il était d'ailleurs le suspect numéro un de la police. De son côté, Me Marc Labelle a dit que les aveux de Chagnon étaient pures vantardises. Chagnon a prétendu avoir commis le meurtre, parce qu'il voulait faire partie de l'organisation à tout prix, a fait valoir l'avocat. Selon la version que Chagnon a livrée à son procès, il était dans la voiture lors du meurtre de Mme Boucher, mais c'est Barbara qui a tiré.

Durant ses délibérations, le jury a demandé à réentendre le témoignage d'une femme, Doris Rivest, ex-conjointe de Chagnon qui aurait conduit le véhicule de fuite après le meurtre. Le jury a aussi demandé des explications sur le doute raisonnable.

Soulignons enfin que, ayant été acquitté du meurtre de Daniel Favre, Chagnon ne pourrait être jugé de nouveau pour ce crime, même s'il a avoué l'avoir commis. Lors du procès, en 1994, il était défendu par Me Marc Labelle, le même qui le défend aujourd'hui.