Une grand-maman de 84 ans a vécu le cauchemar de bien des personnes âgées le mois dernier. Elle a été victime d'une agression gratuite en plein jour à Saint-Laurent pour avoir demandé à un ado de 17 ans de cesser de maltraiter son chien.

Accusé de voies de fait causant des lésions, le jeune homme, qui aura 18 ans ce mois-ci doit être jugé aujourd'hui en chambre de la jeunesse, à Montréal. Les médias ne peuvent révéler son nom puisqu'il est mineur. La famille de la victime a demandé à La Presse de taire aussi le nom de cette dernière par «crainte de représailles».

 

Lors de sa promenade quotidienne rue Gohier, où elle habite depuis plus de 50 ans, la dame a vu son jeune voisin maltraiter un chien pitbull, selon ce qu'elle a décrit à sa petite-fille, Genie, après l'agression survenue le 15 octobre dernier. «Ma grand-mère adore les animaux. Quand elle l'a vu, elle lui a demandé très poliment d'être plus gentil avec son chien», a-t-elle raconté.

Selon la police, l'ado n'aurait pas apprécié ce commentaire et aurait répliqué d'un coup de poing au visage de la dame, qui s'est effondrée en criant: «Il m'a frappée! Il m'a frappée!»

«Je n'ai jamais vu un geste aussi cruel», a indiqué à La Presse Linda Brabant, une voisine qui a été témoin de l'agression et qui a appelé le 911. L'ado, lui, se serait enfui.

Traumatisée

L'octogénaire s'en est tirée avec quelques doigts brisés et le visage tuméfié. Sauf qu'elle est traumatisée. «Ce jeune-là habite tout près de chez elle. Elle a peur qu'il se venge lorsqu'il sera libéré. Elle n'ose plus sortir», a indiqué Genie, qui préfère qu'on ne publie pas son nom de famille.

L'ado a été arrêté dans les heures qui ont suivi l'agression. Il est demeuré détenu à l'issue de l'enquête sur sa mise en liberté.

Cette histoire a vite fait le tour de Saint-Laurent. Le maire de l'arrondissement, Alan De Sousa, connaît la victime, qui habite le quartier depuis longtemps. Il lui livrait son épicerie quand il était jeune. Il lui a donc rendu visite à deux reprises pour tenter de la réconforter. «Ça m'attriste de voir des actes gratuits comme ceux-là envers des personnes sans défense», a-t-il souligné à La Presse.

La petite-fille de la victime, Genie, estime que certains coins du quartier se sont «ghettoïsés» récemment. Le maire De Sousa ne partage pas ce point de vue. «J'habite à trois rues de chez la victime. C'est aussi sécuritaire qu'il y a 35 ans, mais on ne peut pas tout contrôler», a-t-il ajouté.

Un avis d'infraction a également été envoyé au présumé agresseur puisque plusieurs races de chiens, dont le pitbull, sont interdites dans cet arrondissement.

Cette affaire n'est pas sans rappeler la sordide agression dont a été victime Kim Ngu Lieu, 67 ans, dans Montréal-Nord. Mme Lieu est morte d'une hémorragie cérébrale au printemps dernier après avoir été frappée par l'un des trois ados qui voulaient lui voler son sac à main.