Les cinq touristes canadiens - dont au moins quatre Québécois - arrêtés au Mexique la veille du jour de l'An ont eu «peur de mourir» entre les mains de leurs geôliers qui les auraient «torturés» pendant les cinq jours où ils ont été détenus par l'armée sans pouvoir prendre contact avec leur ambassade ni avec leur famille.

C'est ce qu'Éric Beaupré Varela, un membre de la famille de l'un des cinq Canadiens toujours incarcérés, a raconté à La Presse, hier soir, dans le but de dénoncer ce qu'il qualifie d'«inacceptable». Cette famille croit que ce Montréalais dans la trentaine et ses quatre amis étaient au mauvais endroit au mauvais moment.

 

Les familles des Québécois nous ont demandé d'éviter de nommer ces derniers pour ne pas mettre en péril leur sécurité, surtout qu'ils ne sont toujours pas accusés de quoi que ce soit. Le ministère des Affaires étrangères du Canada refuse également de dévoiler leur identité. L'un des cinq détenus pourrait être originaire d'une autre province que le Québec.

Quant au gouvernement mexicain, il dit «être au courant du dossier» sans toutefois avoir de «position officielle» pour l'instant, a indiqué à La Presse le porte-parole du ministère des affaires étrangères du Mexique, Carlos De Alva, joint par téléphone à Mexico. Bien qu'Ottawa soit aussi avare de commentaires, La Presse a pu en apprendre davantage sur les circonstances dans lesquelles les Québécois ont été arrêtés puis incarcérés.

Le groupe d'amis est arrivé dans la région touristique de Puerto Vallarta le 29 décembre pour y passer des vacances au soleil. Le lendemain, ils ont décidé de sortir dans un club branché de Puerto Vallarta, le Mandala. Ils y sont restés jusqu'au petit matin, le 31 décembre. C'est à ce moment-là qu'une fusillade a éclaté. Durant l'incident, un policier aurait reçu un projectile d'arme à feu à la tête.

Aux mains des militaires

Il régnait alors beaucoup de confusion dans le bar, selon la responsable des communications au bureau du procureur général à Mexico, Viviana Macias, jointe par téléphone. «Les policiers ont embarqué des gens qui se trouvaient dans le bar dans un camion identifié comme un véhicule de police. Une fois sur l'autoroute, la police - en route vers le poste - a été forcée d'arrêter à un point de contrôle de l'armée, raconte Mme Macias. L'armée a transféré ces personnes dans son camion et est repartie avec elles.»

Au bureau du procureur général, la porte-parole n'était pas en mesure de dire combien de personnes avaient été ainsi amenées par les militaires et si elles avaient été accusées de quoi que ce soit. Mais il y avait cinq Canadiens dans le lot, confirme-t-elle.

C'est aux mains des militaires que les touristes auraient été torturés avant que l'ambassade du Canada ne soit prévenue de leur arrestation cinq jours plus tard, le 4 janvier. «C'est assez grave. Ils auraient subi des chocs électriques avec une grosse batterie et des brûlures aux mains. Ils ont eu peur d'y passer. À ce que je sache, c'est l'ambassade canadienne qui les a retrouvés», a dit à La Presse Éric Beaupré Varela. L'un des Québécois arrêté est son ex-beau-frère, réparateur d'appareils de bronzage et père de famille tout ce qu'il y a de plus «ordinaire», décrit-il.

Le ministre des Affaires étrangères du Canada, Lawrence Cannon, a indiqué, hier, par l'intermédiaire de son attachée de presse, que son ambassadeur au Mexique avait demandé des précisions à des représentants du Mexique au sujet des allégations de mauvais traitements.

L'ambassade du Canada au Mexique a rendu visite aux détenus à deux reprises et demeure en contact avec ceux-ci par téléphone, a précisé l'attachée de presse, Natalie Sarafian. «À la demande du ministre, une note diplomatique a été envoyée au ministère des Affaires étrangères du Mexique afin de souligner la préoccupation du gouvernement du Canada au sujet du retard en termes de notification consulaire, ainsi que les allégations de mauvais traitements», a ajouté l'attachée de presse.

Après l'intervention de l'ambassade du Canada, les cinq détenus ont été transférés de Puerto Vallarta à une maison de transition de Mexico. Depuis, ils ont reçu les conseils d'une avocate canadienne qui s'est rendue sur place.

«On ne se doute pas que quelque chose comme ça peut nous arriver quand on part en vacances dans le Sud», conclut M. Beaupré Varela, qui souhaite le retour au Québec de son ex-beau-frère le plus tôt possible.