En raison de son caractère et de sa violence avec les femmes, Jean-Yves Migneault, accusé de l'enlèvement d'une femme dans le stationnement d'un IGA dimanche dernier, était prévisible dans son imprévisibilité.

C'est, entre autres, ce qui se dégage à la lecture des décisions de la Commission nationale des libérations conditionnelles qui ont trait à l'homme de 56 ans. «Depuis plusieurs années, votre criminalité se présente donc sensiblement de la même façon. Mis à part le délit commis à l'endroit de votre ex-conjointe, vous vous en prenez à des inconnues que vous volez et agressez ensuite sous la menace d'une arme. Vous avez indiqué lors de l'audience que les délits commis faisaient suite à des difficultés relationnelles avec des personnes de sexe féminin, particulièrement des conjointes, et que vous aviez besoin de vous venger. Vous avez des difficultés à maîtriser vos impulsions violentes ou sexuelles au point de mettre en danger la sécurité d'autrui. Vous êtes un individu imprévisible et il est difficile de prévoir la récidive», peut-on lire dans une décision datée de mai 2003, qui refusait la libération d'office à Migneault. Ce qui arrive très rarement.Peine de plus de 12 ans

Celui-ci purgeait alors une peine de plus de 12 ans pour des agressions sexuelles armées contre trois femmes, commises en 1991, et une évasion, survenue en 1994. Parmi les victimes se trouvait une ex-conjointe, qu'il avait séquestrée dans un motel et agressée sexuellement sous la menace d'une carabine. Les deux autres victimes, employées dans un commerce, avaient été ligotées et agressées sexuellement par Migneault, dans le cadre d'un vol qualifié qu'il commettait à cet endroit. Il avait aussi menacé ces femmes d'une carabine. Il avait agi sensiblement de la même manière en 1977. Il s'était fait remettre le contenu de la caisse par une employée d'un commerce, puis l'avait ensuite agressée sexuellement. En 1980, il avait enlevé une employée d'un restaurant, et l'avait ligotée dans l'idée de demander une rançon. Celle-ci avait réussi à s'enfuir. L'incarcération et les programmes de réhabilitation qu'il a suivis n'ont manifestement pas donné l'effet escompté.

Selon des professionnels qui ont évalué Migneault, celui-ci souffre de trouble sexuel non spécifié avec paraphilie dont le trait dominant est le viol de femmes adultes. On lui trouve aussi une personnalité limite, antisociale et paranoïde, et un pauvre code moral. En prison, il ne faisait pas confiance au personnel, et il multipliait les plaintes car il se croyait injustement traité. Il ne faisait pas confiance non plus au personnel des libérations conditionnelles. Il s'est aussi brouillé avec sa famille.

Violenté en prison?

Arrêté dans la nuit de lundi, Migneault fait face à 12 accusations à caractère violent et sexuel à l'égard de deux femmes, soit une ex-conjointe et la femme du stationnement du IGA. Celle-ci a heureusement été relâchée au bout de trois heures. Les faits reprochés se sont tous produits dimanche. Mercredi, Migneault est retourné devant le tribunal pour son enquête sur mise en liberté. Il y a finalement renoncé. Mais il a demandé, par la voix de son avocate Nathalie Rochon, à être transféré dans un «secteur de ségrégation» en prison. Celle-ci a fait valoir que Migneault avait subi de la violence de la part du personnel et d'autres détenus. Le juge a répondu qu'il n'avait pas le pouvoir d'ordonner une telle chose.

Migneault doit revenir devant le tribunal le 30 avril pour la suite du processus judiciaires. Le juge lui a ordonné mercredi de ne pas tenter de communiquer avec son ex-conjointe.