Des centaines de petits délinquants recherchés par la police se baladent dans la nature sans être inquiétés. La situation préoccupe le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, qui veut demander aux grands corps de police de se doter d'équipes spéciales pour épingler ces délinquants.

En commission parlementaire hier, le critique péquiste à la sécurité, Bertrand St-Arnaud, a relevé que plus de 717 personnes étaient visées par des mandats d'arrêt sans qu'il y ait de suite.

 

«Il y a très peu d'efforts qui sont faits pour retrouver ces gens. Un journaliste en a retrouvé rapidement deux juste en se rendant aux adresses indiquées au plumitif au palais de justice», a déploré M. St-Arnaud. Dans certains cas, les personnes sont recherchées depuis plus de quatre ans, insiste-t-il.

Aucun d'eux n'est coupable de meurtre, mais souvent on retrouve des cambrioleurs susceptibles de continuer leur activité illicite tant qu'ils ne sont pas épinglés. «Je suis certain qu'une bonne partie de ces fugitifs sont toujours à l'adresse que détient la cour, mais personne ne s'en préoccupe», a lancé le député de Chambly.

Pour le ministre Dupuis, il s'agit d'une question «préoccupante». Les chiffres lancés par l'opposition méritent d'être nuancés. À une prochaine rencontre avec les corps policiers, M. Dupuis se fait fort de recommander que toutes ces organisations se dotent d'une équipe spécialisée chargée de vérifier l'exécution des mandats d'arrêt.

Quand les arrestations viennent des escouades spécialisées, «les recherches sont faites». Il y a tous les jours des gens qui font défaut aux mandats d'arrêt, plus de 700 mandats sont enregistrés, uniquement pour la SQ, a expliqué le directeur général associé, Marcel Savard, responsable du territoire.

Chaque année, 500 mandats reviennent, dont 80% sont retrouvés dans une période de 24 mois, mais il s'ajoute toujours de nouveaux mandats, insiste le policier.

Les «personnes à risque» sont identifiées et les démarches sont faites pour les retrouver, «c'est difficilement réalisable d'avoir 100% des mandats», convient le policier.

Le député St-Arnaud a aussi relevé le manque de sécurité au palais de justice de Montréal, où seulement la moitié de deux étages sont sécurisés.

Des couteaux au palais de justice

«C'est la risée, on retrouve tous les jours ou à peu près des couteaux dans les toilettes du troisième étage, parce que les gens se rendent compte qu'il y a de la sécurité. Ils sont tout de même entrés au palais de justice, il y aurait pu y avoir des batailles... Les étages à caractère matrimonial n'ont aucune protection», a lancé M. St-Arnaud.

Il souligne qu'aux États-Unis, par exemple, les palais de justice sont bien plus étanches. «Aux États-Unis, quand les élèves rentrent à l'école, ils passent aussi à travers un système de détection», a ironisé le ministre Dupuis.