Un constable spécial a fait feu lundi matin sur un homme qui prenait la fuite en voiture après l'avoir happé devant le palais justice de Montréal. Blessé par balle à une main, le suspect a été soigné à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont un peu plus tard, avant d'obtenir son congé et de prendre la poudre d'escampette.

Lundi soir, Evens Aaron Ambroise, 27 ans, était activement recherché par le Service de police de la Ville de Montréal.

La police dit avoir été avisée que le suspect a été admis à l'hôpital en après-midi. Ses blessures étaient mineures. «La personne avait déjà quitté quand on est arrivé. Il porterait un bandage à la main gauche», souligne l'agent Olivier Lapointe, qui invite la population à aider la police à retrouver l'individu.

Du côté de l'hôpital, on ne peut pas confirmer ou infirmer l'admission d'un patient, à cause du devoir de confidentialité. Cette règle s'applique même aux policiers, et le fait qu'un patient soit blessé par balle n'y change rien. Cette confidentialité est levée uniquement lorsque les médecins estiment que le patient représente un danger pour autrui. Ce qui n'était visiblement pas le cas lundi.

Quelques heures avant d'aller se faire soigner à l'hôpital, Evens Aaron Ambroise a été la cible d'un constable spécial qui a ouvert le feu en direction du véhicule dans lequel il se trouvait, rue Notre-Dame.

L'affaire avait débuté vers 11h, entre les murs du Palais. Un conflit aurait éclaté entre Ambroise et une femme. Le suspect devait comparaître pour une histoire de violence conjugale, impliquant vraisemblablement la femme avec qui il se querellait lundi matin.

Comme le ton montait entre le suspect et la femme, des constables spéciaux postés au palais auraient expulsé le couple. Le conflit s'est ensuite transporté à l'extérieur. Des témoins ont rapporté avoir vu l'homme s'en prendre physiquement à la femme, notamment en tentant de l'attirer de force vers son véhicule garé rue Notre-Dame.

Il prend la fuite à pied

Les choses auraient dégénéré lorsqu'un constable spécial, Donald Saint-Germain, a tenté de s'interposer, peut-être en barrant la route à l'automobiliste.

Le suspect aurait foncé sur lui avec sa voiture pour le blesser légèrement à la jambe. C'est à ce moment que le constable aurait dégainé son arme et fait feu en direction du véhicule de marque Cavalier. On ignore si le constable voulait tirer un coup de semonce ou s'il visait le suspect. Ce dernier a abandonné son véhicule quelques rues plus loin, à l'angle des rues University et Notre-Dame, avant de prendre la fuite à pied. Des traces de sang visibles sur le bitume laissaient croire qu'il était alors blessé.

La vitre du conducteur avait éclaté et des fragments de verre jonchaient le sol. Une contravention était même accrochée dans le pare-brise.

La femme impliquée dans l'échauffourée a pour sa part été prise en charge par les constables spéciaux.

Evens Aaron Ambroise est connu des milieux policiers pour des histoires de violence conjugale, de vol qualifié et de possession de stupéfiants.

En attendant la conclusion de cette histoire, plusieurs questions se posent. Est-il prudent de faire feu en plein jour sur une voiture en fuite ? Les constables spéciaux ont-ils les compétences pour utiliser leur arme de service ? Oui, selon le directeur de la Direction des services de sécurité dans les palais de justice du Québec. «Ils suivent la même formation que les policiers à l'École nationale de police», a affirmé Michel Trottier. Environ 240 constables spéciaux sont postés dans les palais de justice du Québec.

M. Trottier n'a pu commenter directement l'événement survenu lundi, puisque l'enquête a été transférée au Service de police de la Ville de Montréal.

- Avec Christiane Desjardins

Evens Aaron Ambroise