Un ancien employé du Journal de Montréal a menacé de faire exploser sa voiture lundi après-midi devant la porte d'entrée du quotidien, dans l'est de Montréal.

Le suspect, Jean-Guy Gauthier, a travaillé une trentaine d'années à l'imprimerie du journal. L'homme de 59 ans, qui souffre d'une sévère dépression, était en arrêt de travail depuis plus de deux ans.

L'affaire est survenue vers 14h20 devant les bureaux du quotidien, situés à l'angle de la rue Frontenac et de l'avenue Mont-Royal, dans le quartier Rosemont.

À bord de sa Nissan Versa, M. Gauthier s'est immobilisé dans le stationnement d'un garage situé en face du journal. Il s'est alors adressé à un groupe d'employés en lock-out qui se trouvaient dans le parc à côté.

Selon l'infographiste Frédéric Gagné, Jean-Guy Gauthier a lancé: «va chercher des photographes, m'a te faire un osti de show». Du même souffle, il a précisé qu'il avait des bonbonnes de propane dans sa voiture.

M. Gauthier a alors démarré en trombe pour stationner sa voiture contre la porte d'entrée du Journal de Montréal. Frédéric Gagné a immédiatement composé le 9-1-1.

Les policiers ont évacué les bureaux et érigé un large périmètre de sécurité. Pendant ce temps, les membres du Groupe technique d'intervention ont encerclé l'immeuble, pointant leur fusil en direction du suspect.

Un négociateur a commencé à discuter avec Jean-Guy Gauthier, qui fumait des cigarettes à côté de son véhicule. Les policiers l'ont finalement maîtrisé vers 15h15. Il n'a pas résisté à son arrestation.

Jean-Guy Gauthier, qui n'a pas de casier judiciaire, souffre d'une dépression depuis plusieurs années, selon son ex-femme, qui a préféré taire son nom.

Il a cessé de travailler en octobre 2007 après s'être sectionné un doigt à l'imprimerie de Mirabel. Il n'est jamais retourné travailler. Officiellement, il n'est plus employé depuis décembre, selon son ex-femme. En mars, il a été déclaré invalide.

«Jean-Guy n'est pas violent, il est seulement très malade », a dit son ex-femme, qui s'est séparée de lui il y a un an.

Selon elle, M. Gauthier entretenait une hargne envers son employeur, qu'il tenait responsable de ses malheurs. Depuis quelques mois, il n'avait plus le droit de mettre le pied à l'imprimerie de Mirabel après une prise de bec avec son ex-patron.

Jean-Guy Gauthier, qui réside à Pointe-aux-Trembles, a téléphoné à son ex-femme à quatre reprises lundi matin. Lors du dernier appel, peu après 14h, il lui a annoncé qu'il allait acheter des bonbonnes de propane pour se rendre au Journal de Montréal.

«Cinq minutes plus tard, mon conjoint a appelé la police», a relaté son ex-femme.

Les policiers ont trouvé dans sa voiture deux bonbonnes de propane de type camping ainsi qu'un bidon de cinq litres d'essence. Jean-Guy Gauthier a été conduit à l'hôpital et devait être interrogé par les policiers en soirée. Des accusations pourraient être portées contre lui.

La direction de Quebecor a refusé de commenter l'affaire. Le Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, qui sont en lock-out depuis 16 mois, s'est dit attristé par les évènements.

«Même si c'est un geste désespéré et regrettable, il reste qu'on peut comprendre que ça arrive lorsqu'un entreprise manque de respect envers ses employés», a dit l'un des vice-présidents du syndicat, Richard Bousquet. M. Gauthier n'était pas membre du syndicat en lock-out.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

L'individu a stationné son véhicule devant l'entrée de l'édifice du Journal de Montréal et aurait menacé de le faire exploser.