Un homme qui devait garder un bébé de 16 mois dans la journée de mercredi et le ramener à ses parents en soirée a préféré emmener l'enfant au centre-ville de Montréal, où il aurait acheté et consommé du crack. Pour ce comportement imprévisible, Nicolas Bonneau a été accusé d'enlèvement jeudi au palais de justice de Longueuil.

Vêtu d'un t-shirt noir, Nicolas Bonneau, 31 ans, a gardé la tête basse dans le box des accusés. Il n'a pas osé regarder les parents du bébé, qui étaient assis dans la dernière rangée de la salle d'audience.Le père de l'enfant, Dany, était très émotif. «Après ce qu'il a fait, je voulais voir la face de ce gars-là», a dit l'homme de 27 ans, dont nous devons taire le nom en raison de l'âge de la victime.

Dany et sa conjointe, Mélie, 25 ans, avaient confié leur bébé à l'accusé mercredi matin. Nicolas Bonneau, un ami de longue date, était leur colocataire depuis le mois de mars. Il avait l'habitude de garder l'enfant dans le logement de la terrasse Tracy, à Longueuil.

Les parents, qui travaillent dans des parcs d'attractions itinérants, se sont rendus à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, où ils avaient obtenu un contrat. Nicolas Bonneau devait les rejoindre avec le bébé vers l'heure du souper.

«Avant de prendre le train de banlieue, il devait passer à sa banque, sur l'avenue du Mont-Royal, pour encaisser son chèque d'aide sociale afin de nous payer le loyer», a expliqué Dany.

Voyant que Nicolas Bonneau n'arrivait pas, les parents ont appelé à la maison à maintes reprises. Inquiets, ils sont revenus à Longueuil vers 23h, mais personne n'était dans le logement. Ils ont alors constaté que Nicolas Bonneau avait arraché un support à CD du mur. À minuit, ils ont appelé la police.

Le père de l'enfant, qui connaît l'accusé depuis 10 ans, s'est rendu au centre-ville de Montréal avec un enquêteur de la police de Longueuil. Selon lui, Nicolas Bonneau a déjà vendu de la drogue au métro Berri-UQAM avant de se prendre en main. Dany, qui est originaire de Rimouski, a lui aussi vécu une période difficile.

«Bref, je savais très bien où il risquait d'être», a dit le père du petit. Son intuition était bonne: un vendeur de drogue rencontré au parc Émilie-Gamelin, près du métro Berri, lui a dit que Nicolas Bonneau avait acheté une roche du crack vers 17h.

Après de longues recherches dans le métro et dans les refuges de la métropole, Dany et l'enquêteur ont appris que Bonneau avait peut-être loué une chambre dans l'un des hôtels bon marché de la rue Saint-Hubert.

Vers 5h du matin, ils ont finalement retrouvé le fugitif et le bébé à l'hôtel Élégant. Selon le père de l'enfant, Nicolas Bonneau était intoxiqué et se trouvait en compagnie d'un homme et d'une femme. L'enfant dormait sur le lit.

«Nicolas n'avait jamais consommé de crack de sa vie, a dit Dany», qui ne comprend pas pourquoi son colocataire s'est comporté de la sorte. «En plus, il était sobre depuis cinq ou six ans», a ajouté Mélie.

Le garçonnet est sain et sauf. Après avoir dormi toute la matinée, à l'heure du midi, jeudi, il déambulait dans le couloir du palais de justice sous le regard attentif de ses parents.

«Pourquoi ne nous a-t-il pas appelés à 11h le soir pour nous dire qu'il avait fait une connerie et pour nous demander de venir chercher notre gars?» s'est demandé Mélie.

Nicolas Bonneau restera incarcéré d'ici à l'enquête sur cautionnement, qui aura lieu lundi. Aujourd'hui, il comparaîtra au palais de justice de Montréal pour trois dossiers en cours d'une autre nature.