Devant un auditoire de parents en colère, l'entraîneur de soccer pédophile Thierry Massimo a présenté des excuses à ses 14 victimes, des adolescents âgés de 12 à 14 ans, hier, au palais de justice de Longueuil. Les parents des joueurs n'ont pas cru aux regrets de l'entraîneur, qu'ils ont traité de «grand manipulateur».

Au moment des plaidoiries sur la peine, l'homme de 42 ans a lu une courte lettre dont certains passages n'ont fait qu'attiser davantage la frustration de l'auditoire. «Je veux dire aux victimes que je ne leur en veux pas. Bien au contraire, je veux remercier ceux qui m'ont dénoncé pour m'aider à revenir sur le droit chemin.»

Cette affirmation a fait bondir une mère, dont le fils a peur d'être victime de représailles lorsque son ex-entraîneur sortira de prison. «C'est de la manipulation. Ça fait partie de sa personnalité», a-t-elle souligné.

Après avoir été arrêté, en juillet dernier, Massimo a continué à communiquer avec deux de ses victimes sur l'internet en se faisant passer pour un dépisteur du nom de Frank. Il s'est même caché derrière un bosquet pour assister à un match de son ancienne équipe alors que cela lui était interdit, a fait remarquer la procureure de la Couronne, Julie Laborde.

Massimo faisait du chantage pour obtenir des faveurs sexuelles. Il menaçait ses joueurs de réduire leur temps de jeu ou d'espacer leurs séances d'entraînement privé s'ils ne répondaient pas à ses désirs. Il clavardait avec eux à propos de leur sexualité. Après un match, l'un des joueurs s'est déjà fait dire qu'il aurait mieux joué s'il s'était masturbé avant la partie. Un autre ado a reçu un courriel disant: «Impressionne-moi afin de sentir ton amour.»

Les parents se sentent coupables de lui avoir confié leur fils. «J'engueulais mon fils parce qu'il ne jouait pas bien, mais je ne savais pas toutes les cochonneries qu'il se faisait dire», a raconté un père, des sanglots dans la voix. «Mon fils voulait jouer à un très haut niveau. Il avait peur de tout perdre s'il le dénonçait», a-t-il ajouté.

La Couronne et la défense ne s'entendent pas sur la peine à infliger. La poursuite a demandé sept ans de prison, alors que la défense en a suggéré deux. Comme Massimo est détenu depuis un an et que le temps de détention préventive compte double, il a déjà purgé l'équivalent de deux ans.

L'avocat de la défense, Me Marco Labrie, a fait valoir que son client avait plaidé coupable aux 25 chefs d'accusation qui pesaient contre lui, évitant à ses jeunes victimes de devoir témoigner à un procès. «Je considère qu'il y a beaucoup de facteurs atténuants. Quand une personne reconnaît son problème et demande de l'aide, nous sommes sur la bonne voie», a-t-il plaidé.

D'après un rapport d'évaluation sexologique, Massimo ne comprend pas son attirance envers les jeunes. Il n'a pas subi de sévices dans l'enfance. Il n'a pas de problème de consommation d'alcool ou de drogue. Il éprouve une «empathie modérée» pour ses victimes. Dans un autre rapport, une criminologue écrit que son problème de surdité partielle lui a procuré un sentiment d'infériorité qui pourrait expliquer son «passage à l'acte». Cette dernière hypothèse a fait sursauter les parents dans la salle d'audience.

Massimo, qui était sélectionneur des équipes d'élite de l'Association régionale de soccer de la Rive-Sud, a fait sa première victime entre 2001 et 2004. «Ma conjointe ne voulait pas que j'en parle», a témoigné l'accusé, sous le regard perplexe de la procureure de la Couronne. Il a fait 13 autres victimes entre 2007 et 2009. Le juge Marc Bisson rendra sa décision sur la peine le 13 septembre.