Un homme de race noire conteste les actions du Service de police de Longueuil, qui l'aurait prétendument forcé de se ranger sur le bord d'une voie, supposément parce qu'il n'avait pas «l'air Québécois».

Joël Debellefeuille a déposé une plainte contre le service de police à la Commission des droits de la personne et au Commissaire à la déontologie policière du Québec. L'incident est survenu l'an dernier.

M. Debellefeuille a eu l'impression que les policiers de Longueuil étaient à la recherche de contrevenants lorsqu'ils ont intercepté sa BMW dernier cri, pendant une sortie familiale. Sa femme, sa belle-fille et deux autres amis de la famille, tous blancs, étaient aussi à bord.

M. Debellefeuille a finalement reçu une contravention pour des assurances expirées et pour avoir refusé de s'identifier.

C'est le rapport de police qui a choqué M. Debellefeuille. L'automobiliste y a eu accès au tribunal, où il s'était rendu pour contester sa contrevention.

L'un des agents y aurait inscrit que l'automobiliste avait été arrêté car il ne semblait pas être le propriétaire du véhicule et parce que son origine raciale ne correspondait pas à son nom québécois.

«Debellefeuille est un nom québécois et non d'une autre origine», aurait indiqué le rapport.

«Nous traitons tout le monde également», a commenté l'agent Dominic Arseneault, tout en reconnaissant que la ville de Longueuil n'avait pas de politiques concernant le profilage racial ou les relations avec les minorités ethniques.

M. Debellefeuille, gestionnaire pour une compagnie de transport de marchandises, a soutenu qu'il s'est senti insulté par les policiers et qu'ils ne pouvaient pas expliquer les raisons qui les poussaient à le faire s'immobiliser.

Selon sa version des faits, un officier voulait savoir s'il était légalement propriétaire du véhicule. L'autre affirmait avoir vu la femme de Debellefeuille jeter un mégot de cigarette par la fenêtre, même si personne ne fumait dans la voiture.

Le conducteur aurait alors refusé de remettre ses papiers d'identification directement aux agents à cause de leur impolitesse. Il aurait demandé de les remettre à un agent superviseur et l'aurait fait une fois que ce dernier était sur les lieux.

Mais Joël Debellefeuille s'est dit aussi déçu par la réaction du supérieur.

Il affirme que le superviseur lui aurait dit que conduire un véhicule au Québec était un privilège, et que lorsqu'un policier demande des documents d'identification, il est obligatoire de lui fournir.

Le superviseur aurait ajouté, selon M. Debellefeuille, qu'il l'aurait immédiatement envoyé en prison s'il avait été à la place de son collègue.

Selon Fo Niemi, directeur exécutif du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) il n'est malheureusement pas rare que la police arrête des hommes noirs parce qu'ils se posent des questions sur leurs noms.

«Ce qui est particulier, c'est que l'officier de police l'ait noté dans son rapport», a-t-il précisé.

Le CRARR a aidé M. Debellefeuille à rédiger sa plainte à la Commission des droits de la personne et au Commissaire à la déontologie policière du Québec, pour défendre la position qu'il s'agissait de profilage racial, de pratiques policières discriminatoires et abusives, de comportement grossier et d'amende injuste.