Un Montréalais de 18 ans réputé pour son comportement étrange et solitaire aurait poignardé à mort sa petite soeur, lundi soir, dans la résidence familiale du quartier Côte-Saint-Luc.

Maor Attar, 18 ans, a été formellement accusé mardi après-midi du meurtre prémédité de Shirel Attar, 14 ans. Hospitalisé depuis le drame, il comparu par conférence téléphonique.

«Il se serait infligé des blessures après l'événement», a indiqué Anie Lemieux, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). La police présume qu'il a tenté de se suicider.

Le père des enfants, qui habite à New York, est arrivé au palais de justice de Montréal en catastrophe peu après la comparution. Il cherchait à savoir dans quel hôpital se trouvait le jeune homme. «Je ne peux pas vous parler, je n'ai pas encore vu mon fils», a dit le père de famille, qui semblait dépassé par les événements.

Son frère, Joseph Attar, était à ses côtés. Comme plusieurs, il tentait tant bien que mal de s'expliquer les raisons qui ont poussé son neveu à commettre un geste aussi brutal.

«Maor était un enfant qui souffrait, a dit Joseph Attar. Il était handicapé, puisqu'il n'avait pas une bonne vue. À l'école, il ne parlait pas avec les autres enfants. Il n'était pas comme les autres. »

Était-il suivi psychologiquement? «Non», a-t-il répondu. Détestait-il sa soeur? «Il s'entendait bien avec sa grande soeur de 19 ans, mais pas avec la petite», a dit M. Attar, avant de mettre un terme à la conversation.

Le drame est survenu dans la résidence familiale, située au 5507, avenue Randall, entre les chemins de la Côte-Saint-Luc et Merton. Vers 18h40, des voisins ont entendu des cris stridents qui provenaient de la résidence des Attar. La mère et la grande soeur de la victime venaient de découvrir le corps inerte de Shirel.

«Lorsque les policiers sont arrivés, le corps de la jeune fille portait des marques de violence causées par un objet tranchant», a indiqué Anie Lemieux, du SPVM.

Peu avant 23h, les policiers ont appréhendé le frère de la victime à une centaine de mètres de la résidence. Puisqu'il était blessé, les policiers l'ont conduit à l'hôpital, où les enquêteurs des crimes majeurs l'ont interrogé jusqu'en fin d'avant-midi, mardi.

Le meurtre a créé une onde de choc dans ce coin tranquille de Côte-Saint-Luc. La famille Attar, qui habitait sa maison jumelée depuis plusieurs années, était réputée comme étant tranquille et discrète.

La veille du drame, un message écrit à la craie dans l'entrée de garage aurait toutefois capté l'attention du voisinage, selon Irene Konigsberg, qui habite à quelques maisons de là.

«C'était marqué: «I hate you and everything about you (Je te déteste et je déteste tout de toi)»», a raconté Mme Konigsberg, qui tenait l'information de la voisine immédiate des Attar. La voisine, pas plus que le SPVM, n'a voulu confirmer cette information.

Maor Attar était un garçon «ultra-tranquille» et «un peu étrange», selon un de ses anciens camarades de classe. L'accusé a obtenu son diplôme d'étude secondaire l'an dernier au Hebrew Academy, un collègue privé juif de Côte-Saint-Luc.

«On sentait qu'il avait un problème, a-t-il raconté C'était un gars peu sportif qui avait peu d'amis et qui clignait toujours des yeux nerveusement.»

La victime, Shirel, étudiait à l'Académie Marymount, selon des proches. Les voisins la voyaient souvent passer dans la rue avec son chien. «C'était une petit fille charmante, polie», a raconté Irene Konigsberg.

Maor Attar sera de retour devant le juge le 8 septembre. Mercredi, une autopsie sera pratiquée sur le corps de la victime pour déterminer les causes exactes de sa mort.