Un délit de fuite mortel a plongé la communauté arménienne de Laval dans le deuil ce week-end. Une adolescente de 15 ans a succombé à ses blessures tôt samedi matin après avoir été frappée de plein fouet, vendredi, par un chauffeur qui n'avait pas de permis de conduire. Triste ironie du sort, les familles de la victime et du chauffard se connaissaient.

Ronia Mansourian s'apprêtait à traverser la rue avec trois copines, vendredi, vers 13h, lorsqu'une Buick blanche qui roulait au-dessus de la limite de vitesse l'a violemment projetée sur le pare-brise d'un autobus.

Le conducteur, Robert Bélanger, avait perdu son permis d'apprenti-conducteur après avoir été impliqué dans une poursuite policière, a indiqué la police de Laval. Ce dernier a pris la fuite après la collision. Le jeune homme de 22 ans s'est finalement rendu aux policiers en soirée. Il a été accusé samedi matin de conduite dangereuse causant la mort et défaut d'arrêter lors d'un accident mortel.

Après une nuit blanche à l'hôpital, plus d'une vingtaine de proches se sont entassés dans le salon de la résidence des Mansourian, samedi, à Laval, pour pleurer la mort de Ronia. La famille d'origine arménienne a allumé quelques cierges et les a placés autour de photographies de la jeune femme sur la table de la cuisine.

«C'est mon bébé», a laissé tomber, en larmes, la mère de la victime Rose. «Nous étions si fiers.» Incapable de poursuivre, son mari a ajouté: «Nous l'avons accompagné jusqu'à la fin, mais j'espère qu'elle n'a rien senti, je ne veux pas qu'elle ait ressenti de la douleur», a ajouté son père, David Mansourian.

«On veut que la justice soit rendue, mais en même temps on sait que ça ne la ramènera pas», a ajouté la tante de la victime, Marie. «On voit souvent ce genre d'accidents. J'espère que les conducteurs imprudents ou irresponsables vont comprendre ce qu'il est possible d'enlever à une famille comme nous.»

Au bout du couloir, des cousins et des cousines étaient rassemblés dans la chambre qu'elle partageait avec sa soeur. Les murs tapissés d'affiches de joueurs des Canadiens témoignaient de sa passion pour l'équipe de hockey.

«Elle était pleine de vie et toujours avec des amis», a affirmé sa soeur aînée Goldy. «Elle était drôle, généreuse, ambitieuse et aimable.»

«C'était la seule qui me comprenait, la seule qui me comprenait vraiment», a dit l'une de ses cousines âgée de 13 ans. «Elle était toujours là pour me donner des conseils.»

L'accident est survenu dans le quartier Chomedey à l'angle du boulevard Lévesque et de la 80e Avenue. La tragédie s'est déroulée à un jet de pierres de la polyvalente Saint-Maxime, où la jeune femme venait d'entamer son secondaire 4.

Le conducteur, Robert Bélanger, vivait également à quelques rues de là avec sa mère et sa soeur. En janvier dernier, il a été accusé de voies de faits. Pure coïncidence, sa mère est également d'origine arménienne. La diaspora de Laval est peu nombreuse. Les deux familles se connaissent donc depuis longtemps.

Rencontrée à son domicile, la mère de Bélanger a expliqué qu'elle espérait la clémence du tribunal. Elle craint que son fils subisse une peine exemplaire. Elle s'est toutefois dite profondément peinée par la mort de l'adolescente. «J'ai autant mal pour elle», a expliqué la mère monoparentale qui a demandé l'anonymat.

«Il n'y a pas plus doux que Robert. Il a pleuré toute la soirée, il n'arrête pas de pleurer. Vous savez, il y a deux vies qui ont été perdues. Il a 22 ans, il va devoir vivre avec cela le reste de ses jours. Robert est responsable, mais il n'a pas posé ce geste par malice. C'est un jeune homme de 22 ans qui fait des erreurs, un jeune garçon immature.»

Robert Bélanger est présentement incarcéré. Il sera de retour devant les tribunaux mardi. Deux jours après le drame, la famille de Ronia Mansourian a commencé à penser à rendre hommage à la jeune fille. «Elle avait déjà acheté les cigares pour son mariage», a expliqué son oncle. «Nous allons les fumer lorsqu'elle sera enterrée.»

Photo: David Boily, La Presse

«C'est mon bébé», a laissé tomber, en larmes, la mère de la victime Rose. «Nous étions si fiers».