Les parents «n'ont pas à se culpabiliser», a dit le juge Marc Bisson. Il n'y a ici qu'un seul coupable, Thierry Massimo, ex-entraîneur de soccer de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui a commis divers crimes sexuels contre 14 garçons de 12 à 14 ans. La peine prononcée hier: six ans de pénitencier.

Dans le box des accusés, Thierry Massimo n'a pas bronché pendant le prononcé de la peine, qui a duré presque deux heures.

Les faits sont survenus entre 2001 et 2009, avec une interruption entre 2004 et 2007. Entraîneur réputé qui avait déjà mené son équipe à la médaille d'or aux Jeux du Québec, Massimo les a tous manipulés: enfants, parents, responsables de la ligue de soccer. Au lieu de jouer le rôle de «figure parentale» auprès des jeunes garçons de Saint-Jean-sur-Richelieu qui lui avaient été confiés, il a usé de menaces subtiles à leur égard, peut-on lire dans le jugement.

Menaces

L'une des victimes a notamment témoigné que Massimo l'avait menacé d'«espacer ou réduire les entraînements personnels» si l'enfant mettait fin à leur relation.

Au sexologue chargé de donner son avis d'expert, Massimo a expliqué ses gestes «par un besoin de reconnaissance, de compassion, d'amour de même que par un désir d'amener les jeunes qu'il entraînait vers les plus hauts niveaux, tout en étant admiré par eux».

Dans le même temps, peut-on encore lire, il se montre conscient qu'il a violé l'intégrité des victimes.

En cour, il a déclaré: «Je tiens à m'excuser très sincèrement.»

Le juge n'a pas cru pour autant qu'il ne récidivera pas. «Si la suspension qui lui fut imposée par la ligue de soccer, son arrestation, la médiatisation de celle-ci, l'enquête sur remise en liberté qui a suivi, la séparation avec sa conjointe ainsi que les conditions de remise en liberté n'ont pas été des éléments assez dissuasifs, il faut nécessairement en conclure que le risque de récidive est toujours bien présent.»

Soulagement

Pour les parents présents, dont cette mère qui était aussi gérante de l'équipe, le jugement a eu l'effet d'un baume: «Bien sûr, j'aurais préféré qu'il reste en prison 30, 40 ans, mais le sérieux avec lequel le juge a étudié tous les facteurs me fait beaucoup de bien.»

«Il a parlé de toutes les victimes collatérales, et ça aussi, ça fait du bien. Parce que même si tout le monde nous dit que nous n'avons rien à nous reprocher...» a-t-elle ajouté, des sanglots dans la voix, sans pouvoir finir sa phrase.

La leçon qu'elle tire de tout cela? «Ne jamais laisser un entraîneur seul avec un groupe d'enfants.»

De fait, dans le cas de Massimo, certaines agressions ont eu lieu en présence de plusieurs enfants.

À l'association de soccer de la Rive-Sud, qui compte 24 000 joueurs, cette affaire a aussi fait beaucoup réfléchir. Sa vice-présidente, Guylaine Lefebvre, a relevé que les antécédents judiciaires du personnel sont toujours vérifiés mais que cela ne suffit pas, comme le démontre bien le cas de Massimo, qui n'avait pas de casier judiciaire. «Il faut éviter qu'un entraîneur se retrouve seul avec des enfants», conclut-elle aussi.

«Ma plus grande peur, a dit Mme Lefebvre, c'est qu'il aille un jour dans d'autres associations, dans d'autres provinces, dans d'autres pays et qu'il refasse la même chose.»

Comme Massimo a déjà passé 13 mois en détention préventive, qui compte double, il lui reste 45 mois à purger. À sa sortie de prison, il devra pendant 10 ans s'abstenir de se trouver près d'un parc où jouent des jeunes de moins de 16 ans, d'obtenir un poste - bénévole ou rémunéré - qui le placerait en situation d'autorité avec des personnes de moins de 16 ans et de communiquer par ordinateur avec des jeunes de cet âge.