Lorsqu'il a écrit sur le site Internet MSN qu'il voulait tuer des professeurs qui lui ont enseigné à l'école primaire, David Abitbol affirme qu'il «blaguait», qu'il faisait des «niaiseries». Mais les policiers, eux, l'ont pris au sérieux.

David Abitbol, 28 ans, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi au domicile de ses parents, à Montréal-Nord. Il a comparu au palais de justice de Montréal samedi après-midi pour répondre à des accusations de menaces et d'entreposage illégal d'armes à feu.

La Sûreté du Québec (SQ) lui reproche d'avoir proféré des menaces de mort contre des anciens professeurs et camarades de classe sur des réseaux sociaux. Les policiers ont ouvert une enquête vendredi après avoir reçu une information du public, a indiqué Richard Gagné, porte-parole de la SQ.

«On nous mentionnait avoir vu sur Facebook un individu qui menaçait de s'en prendre à un paquet de gens, principalement du temps où il était étudiant, a expliqué M. Gagné. Il disait aussi qu'il était armé.»

Comme David Abitbol possède des armes à feu enregistrées, les enquêteurs n'ont pris aucune chance: lors de l'arrestation, ils étaient accompagnés des membres du groupe d'intervention tactique de la police de Montréal, qui ont encerclé le domicile de ses parents, boulevard Gouin Est.

Les policiers ont saisi du matériel informatique, cinq armes à feu et des centaines de projectiles, selon Richard Gagné. David Abitbol, qui travaille dans une usine d'assemblage d'appareils électroménagers, habite encore chez ses parents.

Joint dimanche après-midi au Centre de détention de Rivières-des-Prairies, où il est incarcéré, David Abitbol s'est dit étonné des proportions qu'a pris cette affaire.

«Je ne pensais pas que ça allait être pris au sérieux comme ça, a-t-il dit lors d'un entretien téléphonique avec La Presse, au domicile de ses parents. Je blaguais sur Internet, c'était des niaiseries.»

«D'après moi, je n'ai rien fait de mal, a-t-il poursuivi d'un ton juvénile. Je ne suis pas un criminel ou un débile, je suis un normal. Toutes mes armes sont enregistrées. C'est un peu ridicule, genre.» Il possède des armes parce qu'il est inscrit dans un club de tirs, dit-il.

Selon lui, tout a commencé la semaine dernière lorsqu'un ancien camarade de l'école primaire l'a retracé sur le site Facebook, où il utilise le sympathique pseudonyme de «David Darkiller». Les deux jeunes hommes auraient alors poursuivi leur discussion sur le site MSN.

«On parlait de professeurs qu'on a eus au primaire, a expliqué David Abitbol. Il y avait des professeurs que personne n'aimait, alors là, j'ai dit: «ouin, celui-là, il mérite de mourir». Il aurait ainsi ciblé «deux ou trois» professeurs et «un ou deux» anciens camarades de classe qu'il n'a pas revus depuis une quinzaine d'années.

David Abitbol aurait aussi écrit à son ami qu'il possédait des armes à feu et qu'il se «préparait à la troisième guerre mondiale». «C'était des niaiseries de même, a-t-il dit. Ce n'était rien de sérieux, seulement des paroles écrites sur MSN entre amis.»

Les parents de l'accusé, Joseph et Michèle Abitbol, ont blâmé la vitesse avec laquelle les policiers ont conclu leur enquête. «C'est une grosse gaffe de la police», a déclaré son père, visiblement secoué par les évènements.

David Abitbol sera de retour devant le juge lundi pour son enquête sur remise en liberté.