Le procès de Julien Leclerc, ce jeune homme de 21 ans soupçonné d'avoir commis deux agressions à caractère raciste au nom de la suprématie de la race blanche, le même soir, au centre-ville de Montréal, s'est ouvert, hier, au palais de justice.

Son complice allégué, qui était âgé de 17 ans au moment des faits, a été condamné en Chambre de la jeunesse il y a plus d'un an déjà. Cette agression est «clairement un crime haineux, relié à l'origine ethnique», avait alors indiqué la juge Élaine Demers en imposant à l'adolescent une peine de deux ans de mise sous garde. L'accusé adhère depuis quelques années à des valeurs d'extrême droite, croyant entre autres à la suprématie de la race blanche, avait soulevé la magistrate.

Julien Leclerc est en liberté durant son procès qui se déroule devant juge seul. Le jeune homme à la tête rasée, tiré à quatre épingles, fait face à quatre chefs d'accusation de voies de fait graves, de voies de fait et de méfait commis sur un taxi.

Vers 1h30 le 24 août 2008, l'accusé se promenait avec son présumé complice mineur et une jeune femme, rue Sainte-Catherine, quand ils ont croisé un groupe de sept jeunes d'origine arabe. Leclerc et son complice allégué se seraient mis à les insulter. La jeune femme, elle, serait restée à l'écart.

L'agresseur âgé de 17 ans à l'époque, aurait alors sorti un couteau de barbier et aurait sauté sur un des jeunes d'origine arabe qui a été grièvement blessé dans l'attaque. Un deuxième jeune aurait été poignardé à la tête en tentant de se porter à la défense du premier. Leclerc est inculpé de voies de fait graves commis à l'endroit de l'un de ces deux jeunes, Moussa Daoui.

Le trio a ensuite sauté à bord d'un taxi. L'agresseur de 17 ans, aussi blessé durant la bagarre, avait la main en sang. «Ils étaient très agressifs, très méchants envers moi», a témoigné le chauffeur de taxi, Santana Carries. Ils auraient traité le chauffeur d'«ostie de nègre», quand ce dernier a refusé de brûler un feu rouge pour se rendre à l'hôpital Saint-Luc. L'ado de 17 ans lui aurait alors asséné des coups de poing dans le dos.

Le chauffeur a immobilisé sa voiture. Il s'est empressé d'en sortir pour trouver refuge dans le taxi d'un collègue qui circulait derrière lui. Or, les deux jeunes hommes auraient tenté de l'en empêcher en le rouant de coups. Le chauffeur a réussi à se défaire de ses agresseurs pour atteindre la voiture de son collègue. «Si l'autre taxi n'avait pas été derrière moi, je ne serais pas ici aujourd'hui pour vous en parler», a dit M. Carries au juge Pierre Labelle.

Alors que la jeune femme se tenait toujours à l'écart, les deux jeunes hommes auraient décidé de saccager le pare-brise du taxi de M. Carries. «Celui qui avait les cheveux rasés (Leclerc) donnait des coups avec sa tête dans le pare-brise. C'était intimidant. Je me suis dit qu'il était vraiment fou, celui-là», a témoigné Amir Resa Naimi Tallegani, le chauffeur qui a porté secours à M. Carries. Les jeunes auraient continué de crier des insultes racistes au chauffeur pour tenter de le faire sortir de la voiture de son collègue.

La Couronne a demandé aux deux chauffeurs de taxi s'ils reconnaissaient l'un des deux agresseurs dans la salle d'audience. Tous deux ont identifié sans hésitation Julien Leclerc. Le procès du jeune homme se poursuit aujourd'hui. La Couronne, représentée par Me Martin Joly, compte faire entendre neuf témoins, dont l'un des jeunes Arabes poignardés.