Le colonel Russell Williams a été officiellement reconnu coupable, mardi après-midi, de toutes les accusations portées contre lui, après deux jours de divulgation de preuves scabreuses dans des affaires de meurtres et d'agressions sexuelles.

Williams, âgé de 47 ans, avait déjà plaidé coupable, lundi, relativement aux meurtres prémédités de Jessica Lloyd et de la caporale Marie-France Comeau, une subalterne. Il avait aussi plaidé coupable à deux accusations d'agressions sexuelles, et à 82 accusations d'introductions par effraction.

Le verdict de culpabilité a été rendu mardi après-midi au palais de justice de Belleville, en Ontario, après que la Couronne ait présenté un exposé conjoint des faits, dans le cadre de l'entente sur le plaidoyer de culpabilité. Williams risque la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

Les procureurs ont décrit mardi le contenu de photographies et d'enregistrements vidéo réalisés par Williams pendant les crimes, mais les images n'ont pas été montrées au tribunal. La Couronne a indiqué qu'un compte-rendu de ces documents était «suffisamment troublant» sans que l'on ait besoin de voir les images.

On devrait cependant visionner la vidéo de ses aveux aux policiers ce mercredi au tribunal.

La Couronne a raconté mardi que la caporale Marie-France Comeau, une agente de bord de l'armée de l'air âgée de 37 ans, avait attiré l'attention de son supérieur Williams lors d'un vol militaire. Le colonel avait ensuite utilisé sa position de commandant de la base de l'armée de l'air de Trenton pour connaître l'horaire et l'adresse de Mme Comeau.

En novembre dernier, il s'est introduit par effraction chez elle, l'a battue et l'a brutalement violée à plusieurs reprises. La victime s'est débattue pendant tout ce temps, et a imploré son agresseur de la laisser vivre. Williams a ignoré ses appels, plaçant du ruban adhésif sur le nez de Mme Comeau pour la faire suffoquer. Il a filmé et photographié la scène.

Il a plus tard déclaré à la police qu'il craignait que si elle restait en vie, la victime puisse le lier aux agressions sexuelles qu'il avait commises dans la région.

En tant que supérieur de la victime à la base de Trenton, Williams a par la suite écrit une lettre au père de Mme Comeau pour lui offrir ses condoléances.

Le deuxième meurtre

La Couronne a aussi raconté mardi comment sa deuxième victime de meurtre, Jessica Lloyd, âgée de 27 ans, avait consenti à tous ses caprices sordides avant d'être quand même assassinée. À un certain moment, elle a demandé à son agresseur de lui accorder une simple requête: «Si je meurs, peux-tu t'assurer que ma mère sache que je l'aime?».

Les détails d'une agression sexuelle perpétrée par Williams ont aussi été relatés, mardi matin.

La cour a entendu comment Williams s'était introduit dans la maison d'une femme et l'avait frappée à la tête avec une lampe de poche, en espérant qu'elle perde connaissance. Lorsque cette tentative a échoué, il l'a attachée, lui a bandé les yeux, a coupé son chandail et son soutien-gorge, et l'a photographiée.

Avant de s'en aller, il l'a obligée à se mettre à genoux, la tête penchée, pour prendre des photos dégradantes de la femme et de lui-même. La victime a supplié son agresseur de ne pas publier les clichés sur Internet. Elle a appelé la police après que Williams eut quitté son domicile.

Roxanne Lloyd, la mère de l'une des deux femmes, est arrivée en cour mardi avec une photo encadrée de sa fille Jessica. Elle est plus tard sortie en larmes de la salle d'audiences.

Lundi, de nombreuses images du militaire avaient été présentées à la cour, montrant Williams vêtu de sous-vêtements de jeunes filles et se masturbant. Il a plus tard déclaré aux policiers que son fétichisme avait pris naissance il y a 20 ou 30 ans mais qu'il avait commencé à le mettre en pratique en 2007.

Russell Williams était une étoile montante de la hiérarchie militaire canadienne. Au moment de son arrestation en février dernier, il commandait la base de l'armée de l'air de Trenton, en Ontario, la plus importante au pays.

Photo: PC

Le colonel Williams s'est pris en photo à maintes reprises alors qu'il portait de la lingerie féminine.