La police de Montréal (SPVM) a annoncé hier qu'elle ouvrira une enquête interne pour faire la lumière sur les «délais inexplicables» dans le traitement d'une plainte pour violence conjugale dont l'auteure a été poignardée à mort six jours plus tard.

Marie Altagracia Dorval a été assassinée dans la nuit de samedi à dimanche dans son logement de Montréal-Nord. Son ancien conjoint, Edens Kenol, 34 ans, fait face à des accusations de meurtre prémédité. Près d'une semaine avant le drame, le 11 octobre, la victime de 28 ans avait porté plainte contre le suspect pour harcèlement et violence.

«Selon les documents que j'ai en main à l'heure actuelle, il n'y aurait pas eu de communications avec la plaignante après la plainte, a expliqué Sylvain Brouillette, directeur adjoint de la région Est. Il semble que le suspect n'ait pas été rencontré non plus.»

Le SPVM gère en moyenne chaque année 10 000 dossiers de violence conjugale, dont 7500 sont portés devant les tribunaux, a expliqué M. Brouillette. Mais un homicide est une mort de trop, a-t-il reconnu. «On aurait pu être meilleurs. Nous sommes vraiment désolés du déroulement.»

L'enquête se penchera sur «le processus» de gestion des plaintes et ne ciblera pas nécessairement uniquement les enquêteurs. «S'il y a un nouveau mode de fonctionnement à mettre en place, on le fera, a-t-il assuré. On veut trouver tout de suite les lacunes afin de faire des corrections à court terme.»

»Elle vivait l'enfer»

Le frère de la victime, Miguel Dorval, a dit plus tôt cette semaine à La Presse qu'il craignait qu'il y ait eu négligence dans le dossier de sa soeur. Il n'a pas été possible de le joindre hier pour obtenir sa réaction à l'ouverture de l'enquête interne.

Miguel Dorval, 31 ans, voyait rarement sa soeur cadette. Il avait repris contact avec elle il y a environ six mois, lorsqu'elle a quitté Repentigny pour s'installer à Montréal-Nord avec son conjoint et leurs trois enfants.

Craignant pour sa sécurité et pour celle de ses enfants, elle aurait demandé le divorce, dit-il. Edens Kenol n'acceptait pas du tout la séparation, selon Miguel Dorval. «Elle m'a dit que sa vie avait basculé, qu'elle vivait l'enfer avec son mari.»

Disparition de la fillette

L'an dernier, Edens Kenol a été accusé de voies de fait, de complot et d'entrave à la justice pour une affaire de négligence envers sa fillette de 7 ans. Comme la DPJ songeait à lui enlever la garde de l'enfant, Edens Kenol l'aurait envoyée en Haïti en février 2009 avec sa mère, Marie Altagracia Dorval. Trois mois plus tard, les autorités canadiennes ont finalement retracé la fillette en Haïti et l'ont rapatriée. Marie Altagracia Dorval avait également été accusée dans le dossier.