Bill Surkis, un membre bien connu de la communauté juive à Montréal, reconnaît qu'il a mal agi en en téléchargeant de la pornographie infantile. Mais il persiste à dire qu'il l'a fait par «curiosité», et non pas par excitation sexuelle.

Cette pieuse explication ne convainc pas du tout la procureure de la Couronne Cynthia Gyenizse. Le matériel retrouvé dans l'ordinateur de celui qui a été le doyen du collège John Abbott pendant plus de vingt ans, regroupe 21 vidéos qui totalisent presque neuf heures de visionnement. La curiosité de M. Surkis apparaît bien difficile à satisfaire.

«On parle d'enfants de six à 14 ans, des petites filles qui ont des relations complètes avec des hommes adultes. Parfois des objets sont utilisés», a expliqué la procureure, aujourd'hui, alors qu'on débattait de la peine à imposer à M. Surkis, devant le juge Céline Lamontagne.

L'homme de 71 ans, qui a aussi dirigé la section québécoise de l'organisme juif B'nai Brith, ira en prison, c'est certain, puisque la peine minimale pour la possession de pornographie juvénile est de 45 jours de prison ferme. En fait, Me Gyenizse et Me Steven Slimovitch, qui représente l'accusé, ont suggéré conjointement à la juge d'imposer cette peine minimale, assortie de 240 heures de travaux communautaires.

Là où les deux avocats ne s'entendent pas, c'est sur les modalités de la probation qui suivra. La Couronne demande à ce que M. Surkis ne puisse se servir d'un ordinateur et d'internet, ou d'un Blackberry, et qu'il ne puisse aller dans des endroits où des jeunes de moins de 16 ans pourraient se trouver, comme des parcs ou des piscines. La défense juge ces conditions exagérées, car l'homme n'a pas le profil d'un abuseur. Me Slimovitch estime aussi que le nom de M. Surkis ne devrait pas apparaître sur la liste des délinquants sexuels comme le demande la Couronne, puisque celle-ci doit être réservée aux vrais abuseurs. Par ailleurs les rapports d'évaluation faits au sujet de M. Surkis situent le risque de récidive à «faible.»

M. Surkis a pris la parole pour dire qu'il avait honte de ce qu'il a fait subir à sa famille et à son entourage. Il voudrait retrouver son «implication» dans la société, a-t-il dit. La juge Lamontagne rendra sa décision le 9 décembre.

Rappelons que M. Surkis s'était fait prendre, car en novembre 2008, il était allé porter son ordinateur chez Best Buy pour le faire réparer. Il avait demandé à ce que ses fichiers soient sauvegardés. En constatant qu'il y avait de la pornographie juvénile, le technicien a prévenu le gérant, qui a alerté les policiers.

M. Surkis s'est avoué coupable de possession de pornographie infantile. Si la juge accepte la suggestion commune des avocats, M. Surkis pourrait purger sa peine de prison de 45 jours de façon discontinue, les fins de semaine.