C'est pour sauver sa peau, afin de rembourser de pressantes dettes de jeu à la mafia, que Stewart Goldstein a fraudé la Banque de Montréal de 600 000$, en février 2006. Néanmoins, la Couronne demande 30 mois de prison pour l'auteur ce qu'elle a qualifié de «très beau vol de banque».

Goldstein a plaidé coupable à une accusation de fraude dans cette affaire. Ce résidant de Baie-d'Urfé avait accumulé des dettes de jeu de 1,6 million de dollars à un taux d'intérêt de 4% par semaine. Les tenanciers du site de jeu en ligne sur lequel il avait parié s'impatientaient, comme en fait foi de l'écoute électronique réalisée en 2004, lors de l'opération Colisée, qui visait l'organisation du clan Rizzuto. On reprochait à Goldstein de se promener en voiture de luxe (en Ferrari, entre autres) alors qu'il devait de l'argent. Convoqué au Café Consenza, quartier général du clan Rizzuto, Goldstein a pris un arrangement pour rembourser, qu'il n'a visiblement pas pu respecter en entier.

En février 2006, un certificat de dépôt de 1 million de dollars a erronément transité par le compte de Goldstein à la Banque de Montréal de Granby. Il s'agissait d'une erreur «arrangée». Goldstein s'est empressé de retirer 600 000$ en argent. La Banque s'est rendu compte de l'erreur dans la même journée et a appelé Goldstein pour qu'il remette la somme. Il a promis qu'il le ferait, mais il n'a pas donné suite. Quelques jours plus tard, la police a débarqué chez lui en pleine nuit pour perquisitionner. Les policiers n'ont trouvé que 15 000$, plusieurs armes prohibées et des munitions.

Pas le cerveau

Hier, Goldstein a admis que c'est bien lui qui a retiré l'argent à la banque, mais il soutient que ce n'est pas lui qui a mis cette fraude au point. La procureure de la Couronne Nathalie Fafard reconnaît que l'argent a servi à payer la mafia, mais elle a fait valoir que l'accusé s'est lui-même placé dans cette situation. «C'est lui qui gravite autour de la mafia, on n'est pas devant un bon père de famille. On a le choix de nos amis», a-t-elle dit.

Poursuivi au civil par la Banque de Montréal, Goldstein a remboursé environ 265 000$ jusqu'à présent. Me Fafard s'interroge vivement sur la provenance de cet argent. Les explications de l'accusé sont nébuleuses. Il a parlé de prêts, de la vente d'une propriété et d'une entreprise à Mexico, qui loue des motomarines dans les Caraïbes.

Selon ses explications, Goldstein est «joueur professionnel» et gagnait souvent sur le site de jeu en ligne parce qu'il en avait compris le fonctionnement. La «maison» n'a pas apprécié et a changé les données, croit-il, ce qui fait qu'il s'est soudainement mis à perdre. «Je gagnais, ça s'est retourné contre moi. C'est arrivé en trois jours», a-t-il dit.

Au sujet des armes qui se trouvaient chez lui, Goldstein affirme que ce sont des cadeaux qu'il a reçus pour assurer sa protection personnelle. Aucune d'elles n'a servi, assure-t-il.

«Quand un Hells Angel te donne un MAC 10, tu ne dis pas «je préférerais un .25 mm»», a-t-il lancé. Il a plaidé coupable pour la possession de ces armes et a écopé d'une amende de 5000$.

Me Gary Martin, qui défend l'accusé, a fait ressortir que son client avait toujours eu une bonne crédibilité à la banque avant ce fameux jour de 2006 et qu'il n'avait pas mis au point cette fraude lui-même. Il propose une peine conditionnelle au remboursement. La suite de l'audience a été reportée au 14 février.