Un jeune violeur qui n'avait que 15 ans au moment de ses crimes devra consacrer les 30 prochains mois à soigner ses pulsions sexuelles.

L'adolescent, qui a maintenant 16 ans, a agressé sexuellement deux pures étrangères en l'espace d'une heure dans le quartier Ahuntsic, en avril 2009. Dix mois auparavant, il avait fait une première victime - une adolescente de 14 ans rencontrée par Facebook.

Le juge Normand Bastien, qui a qualifié de «spectaculaires» les deux agressions commises le même jour, a condamné leur auteur à 20 mois de garde ouverte dans un centre jeunesse, suivis de 10 mois de surveillance dans la communauté.

Cette peine de 30 mois s'approche de la peine maximale pour un mineur, soit trois ans de garde et de surveillance, que réclamait la Couronne. «La question n'était pas de savoir s'il allait récidiver, mais bien quand il allait récidiver», a fait valoir la représentante de la poursuite, Me Marie-Claude Bourassa.

L'adolescent est considéré comme si dangereux qu'il ne doit pas «être laissé seul avec des victimes potentielles», selon l'évaluation d'un psychiatre du Centre de psychiatrie légale de Montréal. Le violeur devra suivre une thérapie spécialisée.

L'accusé n'a pas bronché lorsque le magistrat a prononcé la peine, hier, en Chambre de la jeunesse de Montréal. Sa mère, avec qui il entretient une «relation malsaine et asphyxiante», selon le juge, était assise dans la première rangée de la salle d'audience.

Malgré son âge, l'adolescent partageait régulièrement le lit de sa mère. Lorsqu'il a été placé en détention préventive, il a demandé une «lingette» imprégnée de son parfum pour réussir à dormir.

Il s'est reconnu coupable au printemps dernier des trois agressions sexuelles. Il avait des antécédents d'introduction par effraction et était en probation lorsqu'il a commis les agressions.

La DPJ critiquée

Le juge Bastien a critiqué la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans certains passages de sa décision. L'adolescent avait fait l'objet d'un signalement à la DPJ en septembre 2009 pour ses troubles de comportement. À l'époque, il s'absentait souvent de l'école, en plus de consommer de l'alcool et de la drogue.

Or, le délégué jeunesse responsable de faire respecter les conditions de probation n'a jamais été mis au courant de ce signalement, a déploré le magistrat. Les deux lois - sur la protection de la jeunesse et sur la justice pénale des adolescents - ne devraient pas empêcher les intervenants de travailler ensemble, selon le juge.

La DPJ n'avait pas donné suite au signalement parce que, à son avis, la sécurité de l'adolescent n'était pas compromise. C'était un mois avant que ce dernier n'agresse deux étrangères. «Quelque part, il y a quelque chose d'inquiétant. Si on était intervenu en mars, peut-être aurions-nous évité la récidive d'avril?» a dit le juge Bastien.

Le 20 avril 2009, l'adolescent s'est caché dans la cage d'escalier d'un immeuble à logements pour attendre une proie. Il a agrippé sa victime, âgée de 34 ans, qui sortait faire des courses. Il a baissé son pantalon pour exhiber son sexe. La victime a réussi à se défaire de son étreinte et est sortie de l'immeuble en courant. Son agresseur l'a regardée prendre la fuite en se masturbant.

Il a fui les lieux en se débarrassant en chemin de son pantalon et de son sous-vêtement. Il s'est réfugié dans le parc Ahuntsic. À moitié nu, il s'est alors dirigé vers une mère de famille dans la vingtaine qui jouait avec son fils de 3 ans. Il s'est allongé sur elle, et l'enfant s'est mis à crier si fort que des passants ont accouru. L'un d'eux a réussi à maîtriser le violeur jusqu'à l'arrivée de la police.

Dix mois plus tôt, il avait fait une première victime âgée de 14 ans. Après avoir échangé avec lui sur Facebook, l'adolescente a accepté de le rencontrer dans un parc. L'accusé l'a convaincue d'entrer dans un immeuble, non loin du parc, où il l'a violée dans un coin sombre. Il lui a infligé des lésions, bien qu'elle l'ait supplié à plusieurs reprises de la lâcher.