Djilali Merakchi n'arrivait jamais les mains vides en Algérie. Il transportait dans ses valises de fausses cartes de résident permanent du Canada, de faux permis de conduire du Québec et de fausses cartes d'assurance maladie.

Le Québécois d'origine algérienne âgé de 54 ans s'est reconnu coupable d'avoir comploté pour fabriquer de faux documents officiels, jeudi, au palais de justice de Montréal.

Djilali a été arrêté dans le cadre de l'opération C-Devancer menée par la Gendarmerie royale du Canada avec la collaboration de la Sûreté du Québec et du Service de police de la Ville de Montréal. Cette enquête d'envergure a permis le démantèlement d'un vaste réseau de faussaires actif au Québec et en Ontario en novembre 2009.

«Omar Abi faisait faire de faux documents par Gérald Francoeur et Stéphanie Kossom pour le compte de Djilali Merakchi. Ce dernier faisait des voyages en Algérie et, avant ses départs, des documents d'identité tels que des cartes de résident permanent du Canada, des permis de conduire du Québec et des cartes d'assurance maladie étaient commandés par Omar Abi», a résumé la procureure de la Couronne fédérale, Isabelle Poulin, devant la juge Manon Ouimet, de la Cour du Québec.

Les policiers ont intercepté des conversations téléphoniques dans lesquelles les coaccusés utilisaient un langage codé. Ils disaient «D-Z» pour désigner l'Algérie et «bleus» pour parler des permis de conduire, notamment. Plusieurs conversations se déroulaient en arabe.

L'un des faussaires, Chris Ntenday Ndibu, a également reconnu sa culpabilité plus tôt cette année. L'homme de 26 ans a écopé d'un peu moins de deux ans de prison. Quant à Abi, Francoeur et Kossom, ils sont en attente de leur procès.

«Mon client n'a pas d'antécédents judiciaires et regrette ce qui s'est passé», a dit l'avocat de Merakchi, Me Robert Francis. Merakchi retourne en cour le 10 juin pour les plaidoiries sur la peine.

La poursuite ignore combien était payé Djilali Merakchi pour livrer les faux documents en Algérie. Elle ne sait pas, non plus, si ces documents ont été utilisés pour entrer illégalement au Canada.

Au total, une trentaine de personnes de la «filière algérienne» ont été arrêtées lors de cette opération policière. Onze d'entre elles sont inculpées de gangstérisme, dont la présumée tête dirigeante, Mohamed Cheriti. Leur enquête préliminaire doit avoir lieu en mai prochain. Le groupe se serait servi de trois garderies comme couverture.

Un autre volet de l'opération policière visait la «filière tamoule». Ce groupe de Québécois et d'Ontariens d'origine sri-lankaise était spécialisé dans la fabrication de faux passeports. Cinq d'entre eux ont reconnu leur culpabilité l'été dernier. Des Sri-Lankais pouvaient débourser de 25 000 à 30 000 $ pour entrer au Canada grâce à ce réseau criminel.

Le troisième volet de l'enquête visait la «filière québécoise». Huit Québécois de la région de Laval sont soupçonnés d'avoir acheté des cartes de crédit fabriquées par la filière algérienne et de s'en être servis pour acheter des biens destinés à la revente sur le marché noir.