Julien Bourassa-Richer, l'un des trois hommes accusés de l'incendie du salon funéraire Loreto, le 6 janvier, ne travaille pas et vit d'on ne sait quoi. Néanmoins, sa conjointe, Claudelle Jeune, qui dit travailler comme «adjointe à la citoyenneté» au gouvernement fédéral, est prête à déposer 2000 $ pour qu'il soit relâché.

C'est ce qu'on a appris ce matin, alors que se tenait l'enquête sous cautionnement de l'homme de 27 ans, qui aurait agi en tant que chauffeur dans cette histoire. L'audience de ses deux co-accusés, Alexandre Toualy et Sounthone Chareunsouk, a été reportée au 2 février. Ils sont accusés d'incendie criminel, complot, possession de matériel incendiaire et avoir mis le feu sans savoir si l'immeuble était habité.

La procureure de la Couronne Valérie Beauchamp a résumé les faits ainsi ce matin. Vers minuit 50, le 6 janvier, un gardien de sécurité de l'entreprise Garda qui se trouvait de l'autre côté de la rue devant le salon funéraire Loreto, a vu deux individus habillés en noir sortir en courant du stationnement à l'arrière du bâtiment. Ils sont montés dans un véhicule, dont il a noté la plaque. Le gardien est allé voir le salon funéraire et a vu qu'une vitre avait été fracassée et qu'il y avait de la fumée. À peu près au même moment, un policier en civil qui se trouvait non loin, a aperçu deux individus tout de noir vêtus courir et monter dans un Jeep Cherokee. Il a lui aussi noté le numéro de plaque, et s'est rendu au salon funéraire. Les dommages ont été minimes. Les deux hommes ont évidemment appelé le 9-1-1.

Les policiers ont reçu l'appel à minuit 55. Trois minutes plus tard, un véhicule patrouille croisait un véhicule correspondant à la description. Ils ont fait demi-tour et l'ont intercepté. Trois hommes s'y trouvaient, dont Bourassa-Richer, qui était au volant.

Les suspects ont été amenés au poste. Au cours du transport, les policiers ont été contraints d'ouvrir une fenêtre, en raison de l'odeur d'essence qui se dégageait de Toualy. Chareunsouk sentait lu aussi l'essence. Rendu au poste de police, Bourassa-Richer a fait remarquer que lui-même ne sentait pas l'essence.

Le couple désuni se réunit

Comme garantie, Me Serge Lamontagne, avocat de l'accusé a fait témoigner Claudelle Jeune. La jeune femme a raconté qu'elle sort avec l'accusé depuis quatre ans, et qu'ils ont demeuré ensemble jusqu'à ce qu'ils se laissent, il y a environ trois ou quatre mois, pour des «raisons personnelles» qu'elle n'a pas voulu expliquer. Selon ses dires, ils ont recommencé à se fréquenter depuis un mois et demi, et parlaient de se remettre en ménage. Elle a amassé 2000 $ qu'elle s'engage à déposer si son conjoint est remis en liberté.

Cette garantie n'avait pas l'air d'être suffisante aux yeux de la Couronne. Me Beauchamp a voulu savoir de quoi vivait l'accusé. Mme Jeune a prétendu que c'est elle qui avait fait vivre le couple pendant toutes ces années. «C'est moi qui travaillais dans la maison. C'est moi qui payais tout,» a-t-elle dit. En ce qui concerne la période pendant laquelle ils ont été séparés, elle a dit ignorer quelles étaient les sources de revenu de l'accusé.

L'accusé a lui aussi témoigné, pour dire qu'il songeait à rependre l'école afin de suivre un cours d'électricien. Même s'il n'a fait aucune démarche officielle, et qu'il ne connaît pas le nom de l'école, il dit qu'il a regardé ce que ça lui prenait. «J'attendais ma carte d'assurance-maladie», a-t-il dit. Il a aussi travaillé un peu dans un lave-auto d'Iberville.

Le juge Gabriel Lassonde rendra sa décision vendredi. Rappelons que le salon funéraire Loreto appartient à la famille Rizzuto, considérée comme étant la tête de la mafia à Montréal. Une organisation qui est toutefois en train de se faire décapiter.