Même s'il a reçu un ordre formel de déportation vendredi, Mohamed Harkat, considéré comme une menace pour la sécurité nationale du Canada, n'a pas l'intention d'abandonner la bataille, ni de quitter le pays.

Même s'il a reçu un ordre formel de déportation vendredi, Mohamed Harkat, considéré comme une menace pour la sécurité nationale du Canada, n'a pas l'intention d'abandonner la bataille ni de quitter le pays.

À la sortie d'un bureau de l'Agence des services frontaliers du Canada à Ottawa, vendredi, l'homme de 42 ans a affirmé qu'il allait poursuivre ses démarches devant les tribunaux pour contester le certificat de sécurité qui peut justement entraîner sa déportation vers l'Algérie, son pays natal.

«Il ne va nulle part», a lancé d'un air défiant sa femme Sophie, qui est allée chercher avec lui son ordre d'expulsion du pays.

L'ancien pompiste et livreur de pizza d'Ottawa a été arrêté il y a huit ans et placé sous le coup d'un certificat de sécurité car il était soupçonné d'être un agent d'Al-Qaïda.

«J'ai peur, je suis inquiet. Je ne peux pas dormir depuis que j'ai reçu la décision du juge Noël», a déclaré M. Harkat.

En décembre, le juge Simon Noël, de la Cour fédérale, a rendu une décision dans laquelle il a qualifié le témoignage de M. Harkat d'«incohérent» et de parfois «invraisemblable».

Son avocat, Matthew Webber, qui l'accompagnait vendredi, a précisé qu'il allait déposer sous peu un appel de ce jugement qui avait confirmé la validité du certificat.

Me Webber croit bien qu'il y aura un sursis de la mesure d'expulsion et que son client pourra rester au Canada.

«Nous sommes confiants et n'avons aucune raison de croire que le gouvernement canadien va tenter d'expulser M. Harkat avant la fin du processus d'appel», a déclaré Me Webber.

Admettant qu'il n'avait cependant reçu aucune garantie du gouvernement en ce sens, l'avocat a toutefois souligné que dans un pays comme le Canada «qui se targue d'avoir un processus équitable, et une Charte, on n'envoie pas des gens dans des situations où ils seront en danger lorsqu'un appel est en cours».

Selon lui, les démarches devant la Cour d'appel fédérale peuvent durer encore des années.

Il demandera aux juges de cette Cour de déterminer si le système des certificats de sécurité respecte la Charte canadienne des droits et libertés.

De plus, M. Harkat fait valoir qu'il n'a pas eu la possibilité de contre-interroger certains témoins qui ont révélé de l'information incriminante contre lui.

L'homme d'Ottawa a toujours nié faire partie d'un quelconque groupe terroriste. Il dit craindre la torture - ou d'être tué - s'il est renvoyé en Algérie car le gouvernement de son pays d'origine est informé des allégations de terrorisme qui pèsent contre lui.

En attendant l'issue de son appel, il doit demeurer à Ottawa et notamment porter en tout temps sur sa cheville un bracelet de surveillance électronique.

Rarement délivré, le certificat de sécurité a pour but de renvoyer du pays les ressortissants étrangers qui sont interdits de territoire et qui constituent une grave menace à la sécurité nationale.