Un groupe religieux qui utilise la marijuana pour se rapprocher de Dieu ne pourra pas compter sur l'appui des tribunaux pour pratiquer son rituel.

La Church of the Universe («Église de l'univers»), qui considère la marijuana comme un sacrement, a été déboutée par la Cour supérieure de l'Ontario lundi, alors qu'elle tentait d'être exemptée des lois canadiennes qui régissent l'usage de cette substance.

Le groupe a contesté la constitutionnalité des lois sur la marijuana dans la défense de deux de ses membres accusés de trafic de drogue.

«Pour les croyants qui trouvent un sens à leur vie grâce à une religion, il n'y a plus d'alternative possible», a soutenu l'avocat de l'un des accusés, George Filipowic.

«Il y a désormais deux personnes qui ne pourront jamais plus accéder à ce sens sans violer les lois canadiennes», a ajouté Me Filipowic à la sortie du tribunal.

Les procureurs ont fait valoir devant la juge Thea Herman que le fait d'abonder dans le sens de l'église reviendrait à légaliser la marijuana, puisque d'autres individus pourraient invoquer leur liberté de religion pour en consommer.

Bien que la juge Herman ait tranché en défaveur du groupe religieux, elle a reconnu que ses membres étaient sincères dans leur utilisation du cannabis, a spécifié un avocat de la défense, Paul Lewin.

Me Lewin a aussi mentionné que la juge Herman ne croyait pas possible de faire une exception pour ce groupe quant à la consommation de marijuana.

Peter Styrsky, un membre de l'Église de l'univers accusé de trafic de drogue en 2006, a annoncé qu'il envisageait de porter le jugement en appel.

«À mon avis, la juge a indiqué que nous avons le droit de consommer du cannabis. Elle ne sait tout simplement pas comment mettre ce droit en application pour nous», a-t-il ajouté.

La juge Herman a tranché en défaveur du groupe parce qu'elle a estimé qu'il serait impossible de faire la distinction entre un usage religieux et un usage récréatif de la marijuana, a rappelé l'avocat de la Couronne, Nick Devlin.

«La cour a affirmé que la légalisation du cannabis était du ressort du Parlement», a ajouté Me Devlin, précisant que la Couronne était satisfaite du jugement.

M. Styrsky et Shahrooz Kharaghani, un autre membre de l'Église de l'univers qui fait face à la même accusation, seront de retour en cour le 21 février. Ils auraient vendu du cannabis à des policiers en civil qui se faisaient passer pour de nouveaux membres de l'église.

Selon Me Lewin, un système d'exemption pour la consommation de cannabis pour des raisons religieuses pourrait être calqué sur celui en vigueur pour la marijuana à des fins thérapeutiques. «Cette démarche présenterait certainement quelques difficultés, mais cela ne veut pas dire que ce serait impossible», a-t-il fait valoir.

L'an dernier, la Cour suprême du Canada a rejeté l'appel interjeté par les fondateurs de l'église, Walter Tucker et Michael Baldasaro, condamnés en 2007 pour trafic de marijuana.

Sur son site internet, l'église décrit la marijuana comme un «Arbre de la vie» divin et affirme que les enfants de Dieu peuvent l'utiliser en tant que sacrement dans «leur vie et leur pratique religieuse». Les membres de l'église sont aussi invités à inhaler «l'Arbre de la vie» et à le faire pousser, à le porter, à le manger ou à s'en servir comme papier pour écrire.