La Société Radio-Canada compte faire entendre plusieurs personnalités publiques au procès qui l'opposera à l'entrepreneur Tony Accurso. Parmi elles, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, le président de la FTQ, Michel Arsenault, et l'ex-ministre canadien du Revenu, Jean-Pierre Blackburn.

Au total, une quarantaine de personnes pourraient être interrogées au procès à la demande de Radio-Canada, selon la liste produite en cour.

Rappelons que, au lendemain d'un reportage de l'émission Enquête, en septembre 2009, Tony Accurso a intenté une poursuite de 2,5 millions de dollars contre le journaliste Alain Gravel et la Société Radio-Canada pour atteinte à sa réputation et à sa vie privée.

L'émission portait notamment sur les relations étroites de Tony Accurso avec la FTQ et le Fonds FTQ. Il y était notamment question des dirigeants de la FTQ que Tony Accurso a invités sur son bateau.

En plus de Gérald Tremblay et de Michel Arsenault, Radio-Canada entend faire témoigner l'ex-président du comité exécutif de Montréal Frank Zampino, l'ex-politicien montréalais Benoit Labonté, le maire de Mascouche, Richard Marcotte, et l'ex-président de la FTQ-Construction Jean Lavallée.

Fonctionnaires et policiers

Plusieurs fonctionnaires seront également appelés à la barre. Ils proviennent des ministères du Revenu du Québec et du Canada, du ministère des Transports du Québec, ainsi que de la Régie du bâtiment du Québec. Radio-Canada veut également faire entendre des policiers de la Sûreté du Québec et de la GRC ainsi qu'un cadre de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Dans sa défense, Radio-Canada soutient que Tony Accurso «a tout fait pour faire parler de lui dans les médias» avant et après la diffusion du reportage. La société d'État cite à titre d'exemples le dossier des compteurs d'eau de Montréal et les problèmes des entreprises de M. Accurso avec Revenu Canada.

Radio-Canada ajoute que son reportage était d'intérêt public puisqu'il s'interrogeait sur la possibilité que les relations qu'Accurso entretenait avec la FTQ lui donnent un accès privilégié au financement du Fonds FTQ.

En novembre 2009, Tony Accurso a admis en cour que les faits exposés dans l'émission Enquête étaient vrais. Néanmoins, il estime que ces faits et la façon dont ils ont été présentés ont «attaqué sa réputation, porté atteinte à sa vie privée» et «dégagé une impression générale» selon laquelle il est «un criminel ou à tout le moins une personne très douteuse et très peu fréquentable», a-t-il écrit dans sa poursuite.

L'établissement d'une liste de témoins ne signifie pas nécessairement que ces derniers vont assurément témoigner. Toutefois, si Radio-Canada l'exige, les témoins n'auront pas le choix de se présenter en cour. La date du procès n'a pas encore été fixée.