Pierre Lacerte a une «personnalité particulière, c'est un excessif et il n'est pas de tout repos», mais rien n'indique qu'il est violent ou qu'il pourrait le devenir, a tranché la juge Manon Ouimet, lundi, en refusant de rendre à l'égard du résidant d'Outremont une ordonnance de garder la paix.

Cette décision a été accueillie par des applaudissements d'une poignée de partisans de M. Lacerte, qui se trouvaient dans la salle d'audience. L'engagement, s'il avait été avalisé par la Cour, aurait empêché M. Lacerte, ex-journaliste, de s'approcher de l'homme d'affaires Michael Rosenberg et des membres de sa famille ou de les photographier. Ces derniers se disaient harcelés depuis 2005 par M. Lacerte et affirmaient craindre pour leur sécurité. La juge Ouimet considère que leurs craintes ne sont pas fondées sur des motifs raisonnables.

C'est un problème de voisinage qui, apparemment, a mis le feu aux poudres entre M. Lacerte, résidant de la rue Hutchison depuis 26 ans, et les Rosenberg, fondateurs de la synagogue située en face de chez lui. Estimant que les dirigeants de cette synagogue ne respectaient pas les règlements, par exemple, en matière de stationnement ou de construction, M. Lacerte s'est plaint à la Ville et à la police, sans grand succès selon lui. Il y a environ cinq ans, il a décidé de documenter les infractions au moyen de photos. Il a monté un dossier sur M. Rosenberg, président du groupe immobilier Rosdev et membre influent de la communauté juive, pour démontrer qu'il ne respectait pas les règlements municipaux. M. Rosenberg a répliqué par une mise en demeure pour propos antisémites. M. Lacerte a renchéri en ouvrant un blogue. Les Rosenberg ont porté plainte à la police en 2008 et ont intenté une autre poursuite civile, cette fois de 375 000$.

M. Lacerte est sorti soulagé après le jugement. L'homme de 56 ans se défend bien d'être raciste ou antisémite: «J'ai toujours cohabité paisiblement avec mes voisins, dont plusieurs sont hassidiques. Ça n'a rien à voir avec la communauté elle-même, c'est avec les leaders. Le problème est avec les Rosenberg. Ils sont très puissants financièrement et politiquement. Ils font la loi, ils font ce qu'ils veulent.»

M. Lacerte n'a plus d'emploi depuis un an et demi et doit sans doute aussi puiser dans ses économies. Néanmoins, il dit avoir l'intention de «continuer à défendre ce qui est défendable et à condamner ce qui est indéfendable.»

«Mon calvaire n'est pas terminé. Je suis encore poursuivi pour 375 000$. Ils veulent me faire fermer mon blogue. Mais je n'ai rien dit de faux sur ce blogue.»