Le prédateur sexuel Gilbert Dubé a choisi son territoire de chasse: le hockey mineur. Et ses proies: des jeunes joueurs de 11 à 15 ans.

C'est ainsi que la juge Isabelle Rheault de la Cour du Québec a résumé, hier, la cause de cet entraîneur bénévole au sein de la ligue de hockey mineur de Montréal-Nord qui a commis des attouchements sexuels sur quatre de ses jeunes joueurs.

L'homme de 55 ans a été condamné à une peine de cinq ans de prison, hier, au palais de justice de Montréal. Ce récidiviste avait déjà été condamné en 1993 pour exploitation sexuelle d'une adolescente qu'il entraînait à la ringuette.

Hockey Québec ainsi que l'Association du hockey mineur de Montréal-Nord ont été éclaboussés dans cette affaire. L'accusé leur a reproché lors de son témoignage en cour de l'avoir «laissé coaché» en sachant qu'il avait un antécédent judiciaire d'exploitation sexuelle d'une mineure.

«C'est inacceptable qu'un récidiviste soit passé entre les mailles du filet», reconnaît le directeur des communications chez Hockey Québec, Daniel Côté. L'organisme qui régit le hockey mineur dans la province a une politique de vérification des antécédents judiciaires. Or, cette vérification était laissée au bon vouloir de chaque association locale - il y en a 250, composées essentiellement de bénévoles. Cette vérification deviendra obligatoire la saison prochaine, promet M. Côté.

Ni Hockey Québec ni l'Association du hockey mineur de Montréal-Nord ne sont en mesure de confirmer si les antécédents judiciaires de Côté ont été vérifiés, puis balayés sous le tapis, comme le prétend l'accusé. «C'est lui le malade. C'est lui l'agresseur. Il est en train de déplacer le débat», dénonce le président de l'Association du hockey mineur de Montréal-Nord, Stéphane Welch. Ce dernier reconnaît toutefois que le système mis en place pour vérifier les antécédents criminels est trop compliqué et trop lourd à gérer pour des bénévoles.

Au courant?

L'accusé a témoigné avoir été convoqué dès 2004 dans un poste de police avec des représentants de la ligue de Montréal-Nord puisque ces derniers avaient des soupçons à son endroit. Or, aucune accusation n'a été portée contre lui et il a pu continuer à entraîner des jeunes de niveau bantam (13-14 ans).

Les sévices se sont produits entre 2002 et 2009. Dubé profitait de la vulnérabilité des jeunes garçons qui proviennent de familles démunies. Il leur offrait de les conduire à l'aréna. Il leur donnait des cadeaux, comme des bâtons de hockey. L'un d'eux a subi des attouchements chaque semaine pendant trois ans.

Sa plus récente victime, âgée de 16 ans aujourd'hui, a porté plainte en décembre 2009. L'accusé a alors admis avoir agressé trois autres jeunes. «Il a eu ce qu'il méritait», a dit l'adolescent de 16 ans à sa sortie de la cour. Ce dernier n'arrive plus à se concentrer depuis les incidents. Il a même temporairement abandonné l'école. «C'est comme s'il avait tué mon fils. Il n'est plus le même. (Dubé) a réussi à jouer dans sa tête», a décrit sa mère.

La Couronne, représentée par Rachelle Pitre, s'est dite «extrêmement satisfaite» de cette peine qu'elle a qualifiée de sévère. De son côté, la défense avait recommandé deux ans de prison. L'avocat de Dubé a fait valoir que son client a plaidé coupable à la première occasion, qu'il a des remords et qu'il est motivé à suivre une thérapie.