L'un des dirigeants du syndicat des chauffeurs de la Société de transport de Laval, Michel Fortin, vient d'être inculpé de voies de fait à la suite d'un incident violent survenu en février dans la salle des employés du métro Cartier.

La Presse a révélé récemment à quel point le climat de travail était tendu à la STL. Au terme d'une enquête de la police de Laval, Michel Fortin comparaîtra le 28 avril sous une accusation de voies de fait commis à l'endroit d'une collègue de travail.

La STL n'a pas attendu les conclusions de la cause devant les tribunaux pour réprimander son chauffeur. L'homme de 50 ans a été suspendu sans salaire pour trois mois. «Aucune forme de violence ni d'intimidation n'est tolérée à la STL», a indiqué sa porte-parole, Marie-Céline Bourgault.

Fortin a aussi remis sa démission à titre de vice-président trésorier au sein du bureau syndical. «Malheureusement, un événement disgracieux est venu ternir son image, effaçant du coup pour plusieurs, toute son implication positive des dernières années. Aujourd'hui, il (Fortin) regrette amèrement son geste, et il en paye chèrement le prix», a écrit le vice-président information du syndicat, Daniel Côté, dans le plus récent numéro du journal interne du syndicat, Bonjour Bus.

Le 23 février dernier, une poignée de chauffeurs en pause dans la salle des employés discutaient du travail de leurs dirigeants syndicaux. Certains se montraient critiques de l'entente intervenue en janvier dernier pour le renouvellement de la convention collective.

L'un des chauffeurs aurait alors composé le numéro de téléphone du bureau du syndicat, puis laissé son appareil ouvert afin que les dirigeants entendent la teneur des discussions. Une vingtaine de minutes plus tard, trois dirigeants du syndicat, dont le président, auraient surgi dans la salle des employés pour s'en prendre à l'un des chauffeurs qui avaient tenu des propos critiques. Les trois hommes avaient bu de la bière (la STL leur a ensuite imposé une suspension allant d'un à trois jours pour avoir consommé de l'alcool sur leur lieu de travail).

Une chauffeuse a alors demandé à ses collègues de la laisser souper en paix. Les trois dirigeants syndicaux ont accepté de sortir du local. Or, avant de quitter la pièce, Michel Fortin aurait donné un violent coup de pied sur le dossier de la chaise de la chauffeuse, laquelle s'est heurtée contre la table. Elle est en congé de maladie depuis.

Plusieurs employés de la STL ont confié à La Presse que cet incident n'était que la pointe de l'iceberg. Ces derniers se sentent intimidés par leurs dirigeants syndicaux. Des allégations que le syndicat balaie d'un revers de main. De son côté, la STL indique avoir eu vent de «situations d'intimidation» et assure qu'elle «agit en conséquence», a expliqué Mme Bourgault.

Michel Fortin n'est pas le seul dirigeant du syndicat des chauffeurs d'autobus de Laval aux prises avec des démêlés judiciaires. Un autre membre du comité de direction, Serge Coderre, a été accusé de voies de fait et de menaces l'automne dernier à la suite d'une dispute avec un représentant de la CSN (centrale syndicale de laquelle le syndicat des chauffeurs de la STL s'est désaffilié récemment pour se joindre au SCFP-FTQ). Le procès de M. Coderre doit se tenir en septembre prochain.