Le nombre de crimes haineux déclarés par la police au Canada a bondi de 42% entre 2008 et 2009, selon une étude publiée hier par Statistique Canada.

Les corps policiers canadiens ont rapporté 1473 crimes haineux en 2009, soit 437 de plus que l'année précédente. Encore une fois, la majorité des cas ont été motivés par la race ou l'origine ethnique (54%). La religion est à l'origine de 29% des crimes haineux, et l'orientation sexuelle, de 13%.

Les personnes noires demeurent le groupe racial le plus ciblé (38% des affaires motivées par la race). La hausse la plus prononcée touche les Arabes et les Asiatiques occidentaux: les crimes impliquant des préjugés à leur égard ont doublé entre 2008 et 2009, passant de 37 à 75. Quant aux cas liés à la religion, les Juifs en ont été la cible sept fois sur dix.

L'augmentation des crimes haineux enregistrée en 2009 a été concentrée dans quatre régions métropolitaines: Ottawa (+83), Toronto (+79), Kitchener-Cambridge-Waterloo (+62) et Montréal (+61).

En 2009, la police de Montréal a signalé à Statistique Canada 99 crimes haineux, dont 38 liés à la religion, 29 à la race ou à l'origine ethnique et 10 à l'orientation sexuelle. En réalité, la hausse n'est pas aussi marquée. «Ces données sont compilées avant qu'il y ait enquête, a précisé le sergent Ian lafrenière, porte-parole de la police de Montréal. En réalité, nous recensons 67 crimes haineux en 2009, et 63 en 2008.»

Les infractions violentes, comme les voies de fait, ont représenté environ quatre crimes haineux sur dix commis au Canada en 2009. Plus de la moitié comportaient des méfaits, comme des graffitis ou du vandalisme.

Statistique Canada précise que les données fournies par la police «constituent probablement» une sous-estimation de la réalité. Environ le tiers des crimes haineux commis au pays seraient signalés aux autorités.

Des crimes plus signalés

Les trois principaux facteurs (race ou origine ethnique, religion et orientation sexuelle) ont affiché une hausse en 2009. Doit-on comprendre que les Canadiens sont de plus en plus intolérants? «C'est plutôt lié au fait que le public rapporte de plus en plus ces crimes à la police et que la police les rapporte de plus en plus à Statistique Canada», répond Warren Silver, analyste chez Statistique Canada.

Marc Ouimet, professeur à l'École de criminologie de l'Université de Montréal, avance la même explication.

«Depuis environ cinq ans, on a ajouté une variable au formulaire de déclaration uniforme pour que les policiers indiquent si le crime est lié à certaines variables, dont l'origine ethnique et la religion. Comme il s'agit d'une nouveauté, les corps policiers prennent un certain temps à s'adapter.»

Néanmoins, M.Ouimet souligne que les groupes ethniques sont de plus en plus présents au Canada et qu'il faut s'attendre à ce que cette dimension ressorte de plus en plus dans les statistiques sur la criminalité.