Tous les experts qui ont examiné le corps du petit Jérémy ont dit la même chose : jamais ils n'avaient vu un bambin battu de la sorte.

Il s'agit d'une histoire de mauvais traitements digne d'Aurore l'enfant martyre : flagellation, morsures, ongles manquants et coups.

Et comme dans la version des années 1920, c'est la belle-mère marâtre qui a tué l'enfant de son conjoint.

Stéphanie Meunier a été trouvée coupable ce jeudi du meurtre au premier degré du bambin de 4 ans, soit l'accusation la plus grave du Code criminel. Le meurtre au premier degré n'était pas prémédité dans ce cas-ci, mais bien commis dans un contexte de harcèlement criminel.

«On est très content que Jérémy ait été vengé cet après-midi», a lancé le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, à sa sortie de la salle d'audience. Le procureur d'expérience a émis le souhait que l'histoire de Jérémy demeure un cas d'exception.  

Au procès, la tâche de la poursuite a été compliquée par la décision de la juge Johanne St-Gelais d'interdire le dépôt en preuve des photos du corps meurtri du bambin. Il était couvert de blessures des pieds à la tête, incluant ses parties génitales. La magistrate a qualifié les photos d'«inflammatoires».   

Après deux jours et demi de délibérations, le jury, composé de cinq femmes et sept hommes, en est venu à la conclusion que c'était bel et bien Stéphanie Meunier qui avait asséné le coup fatal au bambin, alors qu'elle le battait depuis des semaines voire des mois.

Debout dans le box des accusés, la femme de 32 ans s'est mise à pleurer à chaudes larmes en entendant le verdict. «Selon moi, c'est un dossier de Cour suprême», a dit son avocate, Me Joëlle Roy, qui a déjà annoncé son intention d'interjeter appel.  

Jérémy était le fils de Francis Bastien, nouveau conjoint de Mme Meunier au moment des événements. La femme de 32 ans, elle-même mère de quatre enfants, s'était mise en ménage le 1er novembre 2008 avec M. Bastien, qui avait la garde de son fils.

L'enfant est mort cinq semaines plus tard alors que Mme Meunier le gardait. Son père était parti depuis une semaine pour participer à une étude clinique contre rémunération.

Vers 18h, le 6 décembre 2008, Mme Meunier a appelé le 911 pour dire que Jérémy était tombé «sans connaissance». Elle a alors indiqué que le bambin était tombé au parc la veille.

En examinant le corps du bambin, les ambulanciers sont arrivés à une tout autre conclusion. L'enfant était couvert de marques et de blessures, des pieds à la tête. Ils suspectaient plutôt un cas de mauvais traitements. Jérémy, alors inconscient, n'a jamais pu être réanimé.

L'enquête policière donnera raison aux ambulanciers. Stéphanie Meunier sera arrêtée la première. Quant à Francis Bastien, il sera accusé deux ans plus tard d'homicide involontaire, de négligence et de voies de fait. Il n'a toujours pas subi son procès.

La plupart des blessures observées à l'autopsie ont été infligées au bambin moins de 24 heures avant sa mort, a révélé la preuve de la poursuite. Or, le père était absent du foyer depuis une semaine.

De son côté, la défense avait plaidé en faveur d'un acquittement. Stéphanie Meunier a peut-être mordu le petit Jérémy, mais ce n'est pas elle qui lui a porté le coup fatal, avait indiqué au jury, l'avocate de l'accusée. Elle a tenté de faire porter l'entière responsabilité des mauvais traitements au père du bambin.

Les jurés n'étaient pas du même avis.

Stéphanie Meunier écope ainsi une peine d'emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

«Jérémy était un enfant plein de vie, plein de soleil. Curieux et minutieux, il voulait tout savoir, tout comprendre. Il ne demandait pas mieux que d'être bien entouré, être aimé, bref, vivre tout simplement. Hélas, il croisera quelqu'un pour qui juste le fait de respirer sera trop», a écrit la mère du bambin, Julie Perron, dans une lettre déposée au moment de la peine.

«Je t'aime fort Superman, envole-toi et garde moi une place à tes côtés. Je ne veux plus jamais être séparée de toi. Ce n'est qu'un au revoir.»