«Si un psychiatre a été capable de prédire ce qui allait arriver, pourquoi l'a-t-on laissé sortir de prison?»

La tante de Joleil Campeau, Manon Sénécal, se posait bien des questions, hier, en apprenant le contenu des décisions de la Commission des libérations conditionnelles du Canada à l'égard d'Éric Daudelin, accusé la semaine dernière du meurtre de sa nièce.

Daudelin avait été mis en liberté le 12 mai 1995, soit un mois avant la disparition de la fillette de 9 ans, à Laval.

La Commission avait refusé de le mettre en liberté avant la fin de sa peine. Un psychiatre qui l'a évalué en 1994 avait conclu qu'il était «à très haut risque d'une récidive violente et probablement meurtrière à ce stade-ci».

Manon Sénécal se demande pourquoi un individu aussi dangereux a écopé d'une peine de seulement deux ans de prison. La Couronne avait porté la décision du juge de première instance en appel, mais la Cour d'appel a rejeté la requête.

«J'espère que certains juges ont de la misère à dormir ces jours-ci», a conclu Mme Sénécal, qui plaide pour un durcissement de la loi envers les agresseurs sexuels récidivistes.

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CHRONOLOGIE

12 mai 1993 : Éric Daudelin est condamné à deux ans de prison au palais de justice de Montréal pour avoir agressé sexuellement deux adolescentes de 17 ans en 1992. Il est alors âgé de 19 ans.

18 mars 1994 : La Couronne porte la sentence en appel, mais la Cour d'appel rejette sa requête, invoquant que l'accusé « suit ses traitements et qu'il a fait voir un certain désir de s'aider ».

1er septembre 1994 : La Commission des libérations conditionnelles du Canada refuse de le mettre en liberté. Elle conclut que, s'il est libéré, il commettra «une infraction causant la mort ou un dommage grave à une autre personne».

12 mai 1995 : Éric Daudelin est libéré au terme de sa peine.

12 juin 1995 : Joleil Campeau, 9 ans, est portée disparue après avoir quitté la maison de ses parents, dans le quartier Auteuil, à Laval. Son corps est retrouvé quatre jours plus tard dans un ruisseau non loin de chez elle.

2 juillet 1995 : Éric Daudelin enlève et viole une adolescente de 15 ans sous la menace d'un tournevis. Arrêté dans les heures suivantes, il écope de cinq ans de prison en décembre 1996.

1er mars 2000 : La Commission des libérations conditionnelles du Canada refuse de le mettre en liberté en évoquant ses « fantasmes sexuels sadiques ». Elle conclut qu'«il n'existe pas en société de programmes de supervision suffisamment rigoureux pour protéger la société» contre son risque de récidive.

18 janvier 2002 : Daudelin sort de prison au terme de sa peine, mais sa liberté ne dure que quelques jours. Il écope coup sur coup de deux peines de prison de 15 et de 18 mois pour des bris de conditions.

22 juin 2011 : Trahi par son ADN, Éric Daudelin est arrêté pour le meurtre de Joleil Campeau plus de 16 ans après les faits. Le lendemain, il est formellement accusé de meurtre prémédité au palais de justice de Laval.