Un homme de 61 ans a été arrêté à minuit et demie la nuit dernière en relation avec les menaces proférées contre l'industrie du gaz de schiste il y a trois semaines.

L'arrestation fait suite à une enquête menée conjointement par la Sûreté du Québec, la GRC et le Service de police de Montréal.

Selon la SQ, l'homme a été libéré sur promesse de comparaître et il doit dans l'intervalle respecter des conditions strictes. Sa comparution est prévue pour le 30 août.

L'homme pourrait faire face à des accusations de proférer des menaces et d'incitation à craindre des activités terroristes.

Cette dernière infraction a été créée en 2004. Elle est punissable de cinq ans d'emprisonnement par voie de mise en accusation, mais elle peut aussi être assortie d'une peine très légère par voie de procédure sommaire.

L'arrestation s'est déroulée rue Charlemagne dans l'arrondissement Rosemont.

L'enquête a démarré le 10 juin, quand La Presse a reçu une lettre de menaces rédigée avec des titres découpés dans les journaux. La lettre avait été déposée dans une cabine téléphonique par un homme qui avait appelé à la rédaction.

On avait par la suite appris que la société Gaz Metro avait elle aussi reçu une lettre de menaces.

La SQ a obtenu un mandat de perquisition afin d'obtenir la lettre auprès de La Presse, mandat qui a été exécuté le 14 juin.

Dans cette lettre, l'auteur se plaignait des «refus répétés du gouvernement Charest de décréter un moratoire immédiat sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste».

«Nous n'avons plus le choix, nous allons imposer notre moratoire et nous prendrons les moyens nécessaires pour le faire respecter», poursuivait-il. Il prévenait que, à partir du 1er juillet, «toute activité industrielle... aura des conséquences graves» comme la «destruction de sites». Il conseillait aux travailleurs et aux dirigeants de «quitter le Québec» et précisait que «leurs familles en Alberta seront ciblées».

«Nous apprécions le travail des policiers et le sérieux avec lequel ils ont traité le dossier», a indiqué par courriel à La Presse Stéphane Gosselin, de l'Association pétrolière et gazière du Québec.

André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQLPA), déplore l'envoi de lettres de menaces, mais n'exclut pas qu'il puisse s'agir d'une tactique de l'industrie pour discréditer les mouvements de citoyens opposés à l'industrie.

«Les menaces sont inacceptables et on doit rester dans le respect de la loi et de la démocratie, dit M. Bélisle. On n'a jamais fonctionné comme cela à l'AQLPA en 29 ans d'existence.»

«Mais on a vu ailleurs dans l'ouest du Canada et des États-Unis des gens payés par les compagnies pour discréditer les mouvements de citoyens, dit-il. C'est une hypothèse qu'on ne peut pas exclure avant d'en savoir plus.»