La criminalité est à son plus bas depuis des décennies, y compris celle des jeunes, et les infractions relatives aux armes à feu sont l'un des rares types de crimes en hausse.

Les données divulguées hier par Statistique Canada déboulonnent les arguments du gouvernement Harper, qui entend agrandir les prisons, se faire plus sévère que jamais envers les jeunes contrevenants et mettre à mal le registre des armes à feu.

Il faut remonter à plusieurs décennies pour constater un taux de criminalité aussi bas que celui de 2010 au Canada. Dans le document Statistique sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2010, Statistique Canada confirme la tendance: le nombre d'homicides au Canada est à son plus bas depuis le milieu des années 60, et le nombre de tentatives d'homicide, en baisse de 14% cette année, est aussi à son plus bas depuis 1977.

Cette tendance s'observe aussi chez les jeunes, dont le taux de criminalité et la gravité des crimes ont aussi respectivement chuté de 7% et 6%.

En chiffres absolus, la tendance est encore plus évocatrice: de façon générale, au Canada, en 2010, il s'est commis 77 000 crimes de mins qu'en 2009.

Malgré un recul de 8%, Regina affiche toujours l'indice de criminalité le plus élevé du pays, suivi de Saskatoon et de Winnipeg.

Quelques zones d'ombre

Il y a cependant quelques ombres à ce tableau globalement encourageant: contrairement à la plupart des types de crimes, des hausses ont été observées en matière de pornographie juvénile ("36%), d'infractions relatives aux armes à feu ("11%), de harcèlement criminel ("5%) et d'agressions sexuelles ("5%).

Le printemps dernier, le Service de police de la Ville de Montréal a noté qu'il y avait eu l'an dernier dans la métropole 81 agressions sexuelles de plus que l'année précédente, ce qui représente une hausse de 7,5%.

La politique de Stephen Harper, qui entend dépenser des milliards de dollars pour durcir les peines de prison, faisait sourciller bien avant ce nouveau rapport de Statistique Canada. L'avocat criminaliste torontois Edward Greenspan et le criminologue Anthony Doob, de l'Université de Toronto, ont publié l'hiver dernier un rapport qui démontre que, étant donné les tendances à la baisse, la stratégie du gouvernement conservateur en matière de criminalité n'est pas appropriée.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, avait répliqué que ce n'est pas le taux de criminalité qui baisse, mais plutôt le nombre de signalements.

Or, d'autres pays constatent les mêmes baisses des taux de criminalité et vont dans la direction opposée à celle que préconise le gouvernement conservateur. Par exemple, la Grande-Bretagne investit beaucoup plus d'efforts désormais dans la prévention de la criminalité chez les jeunes et s'en remet de moins en moins aux prisons. Même au Texas, a écrit hier le Globe and Mail, il ne restera plus en août que 6 établissements de détention pour jeunes, alors qu'il y en avait 15 il y a 4 ans.