La canicule qui touche le sud-ouest du Québec depuis mercredi aurait déjà causé la mort de 10 personnes, selon la Direction de la santé publique de Montréal. Les autorités ont donc décidé d'intensifier leur plan de prévention.

«Les températures ont été plus élevées que prévu. On intensifie notre campagne. On invite les gens à boire de l'eau et à chercher les endroits frais», dit la Dre Lucie-Andrée Roy, médecin-conseil à la Direction de la santé publique de Montréal.

«On augmente la surveillance de nos clientèles à risque», ajoute le coordonnateur des mesures d'urgence à l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, Michel Garceau.

La Dre Roy confirme que, selon des données préliminaires, 10 personnes pourraient avoir perdu la vie à cause de la canicule. «Ce n'est pas catastrophique, mais chaque décès est un décès de trop», dit-elle.

Alors qu'un record de température a été battu jeudi dans le sud-ouest du Québec - le mercure a atteint 35,6° -, la journée d'hier a été un peu plus clémente: à 15 h, il faisait 31°.

Les États-Unis ne sont pas épargnés par la vague de chaleur. Au moins 22 personnes en seraient mortes, selon le New York Times. Le National Weather Service prévoit encore deux semaines de temps très chaud sur la côte est du pays.

Au Québec, les températures devraient être élevées encore aujourd'hui. «On prévoit 32°, mais l'humidité sera encore à la baisse, note le porte-parole d'Environnement Canada, René Héroux. Dimanche, on reviendra aux normales saisonnières, d'environ 26°.»

Cultures touchées

Alors que les producteurs de framboises se réjouissent de la canicule, les éleveurs d'animaux de boucherie doivent faire des pieds et des mains pour rafraîchir leurs bêtes, qui souffrent grandement de ces températures élevées. Hier après-midi, dans l'un des poulaillers de la ferme Bio-Grain de la famille Oligny, à Saint-Jean-sur-Richelieu, une centaine de poulets, plumes au vent, se reposaient sous le souffle d'un ventilateur.

Érika Beaudin dirigeait le jet d'un boyau d'arrosage vers le ventilateur pour projeter une fine bruine sur les oiseaux. «Si on leur envoie l'eau directement, ils s'en vont. Mais il faut les rafraîchir, sinon ils risquent de mourir», explique sa collègue Anne-Marie Lebrun.

La porte-parole de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Stéphanie Fortin, confirme que les bêtes souffrent de la chaleur. «Les producteurs font des heures supplémentaires pour éviter les pertes. Ils font tout pour garder les bêtes au frais. Il faut aussi s'assurer que les animaux boivent beaucoup.»

André Auger est producteur de porcs dans la région de Yamachiche. Pour rafraîchir ses truies, il a installé des brumisateurs. «Mais ce n'est pas miraculeux. Ça fait juste baisser la température un peu. Aussi, on essaie de déranger les bêtes le moins possible dans le jour pour ne pas les stresser», explique M. Auger.

«Les animaux, c'est comme des humains, ça souffre de la chaleur!» note le conseiller aux affaires publiques de l'Union des producteurs agricoles, Patrice Juneau. La canicule n'a pas été encore trop catastrophique, selon lui. «Mais si ça se prolonge, là, ça sera moins drôle.»

Le président de l'Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec, Louis Bélisle, explique quant à lui que la chaleur est parfaite pour la production de framboises. «Les framboises n'ont jamais trop de chaleur. Elles ont eu le temps d'aller chercher tout leur sucre. Elles seront excellentes» prévoit-il.

La situation est plus inquiétante du côté des fraises d'automne. «La chaleur stresse les plants. Certains risquent de cesser de croître pour se protéger. Il faut faire attention et arroser plus souvent. Moi, j'arrose toutes les deux heures, pendant 15 ou  20 minutes», dit M. Bélisle.